1790, les esprits s'échauffent jusque dans les registres paroissiaux

La lecture des registres paroissiaux révèle parfois quelques surprises, comme celui de Chauché, à la toute fin de l'année 1790…


Extrait du registre paroissial de Chauché : « Merde pour l'auteur du nota… ! »
La Constitution civile du clergé, votée le 12 juillet 1790, a brisé le quasi consensus national. Par cette nouvelle attaque contre l'Eglise, beaucoup entrevoient le vrai visage de la Révolution. Le mécontentement gronde dans les paroisses du Bocage.

La querelle entre les « esprits éclairés » férus d'idées nouvelles, et leurs adversaires « fanatiques ou aristocrates » selon l'expression de l'époque, a laissé une trace amusante dans le registre paroissial de Chauché, en Vendée, sous la forme d'un nota ajouté en clôture de l'année 1790. Voici ce mot :

« Cette année a vu naître la plus fameuse révolution, dont l'histoire ait jamais parlé. Les vices d'un clergé trop riche, l'orgueil d'une noblesse insolente nécessitaient dans l'état politique cette révolution. Lecteur, si cette note te déplaît, souviens-toi que c'est la vérité que je t'annonce, et que l'histoire en fera toujours une de ses principales matières. Ce fut encore dans cette année que des philosophes éclairés jetèrent les fondements d'un gouvernement républicain (l'auteur est en avance sur son temps) et libre et fort sans despotisme. »

Ce à quoi un second rédacteur, peut-être le curé, a répondu vertement : « Merde pour l'auteur du nota, c'est le plus … scélérat de tous les scélérats qui a écrit le nota. »

L'année 1791 qui s'ouvre à la page suivante, verra les premières résistances armées.

Source : Archives départementales de la Vendée -> Archives numérisées -> Etat civil, commune de Chauché -> années 1778-1791 -> page 157.
Jeudi 9 Septembre 2010
La rédaction
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