8 février 1794, la troisième bataille de Cholet

Les insurgés des Mauges se sont emparés de Cholet le 14 mars 1793. Ils conserveront la ville – la plus grande de la Vendée Militaire – jusqu’au 17 octobre, funeste défaite qui les chassera de leur pays. Le 8 février 1794, Stofflet leur offre leur revanche lors d’un baroud d’honneur en pleine Terreur.


La mort du général Moulin, 8 février 1794, par Jules Benoit-Lévy (Musée de Cholet)
Après dix jours de tueries et d’incendies, les armées de Turreau ont connu leur premier revers à Gesté, le 1er février 1794, face à un ennemi surgi de la colère que leurs crimes ont soulevée. Des paysans criant vengeance ont repris les armes, chassant de leurs cœurs la clémence dont ils s’honoraient l’an passé, devant l’ampleur des massacres perpétrés par les soldats républicains. La mort de La Rochejaquelein, le 28 janvier, ne les a pas démobilisés. Leur nouveau chef, Stofflet, y a veillé.

Ce dernier repart victorieusement à l’attaque, le 6 février, contre le camp du Coudray-Montbault, en avant de Vihiers, se retournant ensuite contre cinq cents hommes de la garnison de Cholet venus en renforts, avant de se disperser dans la campagne. Bien que ces échauffourées sèment l’effroi dans les rangs républicains, Stofflet ne s’en contente pas. Il lui faut frapper un grand coup contre ses ennemis.

Le 8 février, sa troupe forte de quatre mille hommes se met en marche vers Cholet. Sous son commandement direct, le centre pénètre en ville par la route de Saumur. L’aile droite aux ordres de La Bouëre, Renou et Beauvais, se porte sur les faubourgs de Pineau et de Montruonde. L’aile gauche, dirigée par La Ville-Baugé, les frères Bruc et Piet de Beaurepaire, s’étend au-delà du Planty. L’assaut est donné à dix heures du matin.

La garnison républicaine de Cholet compte quatre mille hommes commandés par le général Moulin, renforcés d’un millier d’hommes amenés par le général Caffin. Bien qu’en nombre suffisant, leur ligne qui s’étire entre le cimetière Notre-Dame, en haut de la colline de Rambourg, et la paroisse Saint-Pierre déjà envahie par les gars de Stofflet, cède devant l’impétuosité de l’attaque.

Les rues de Cholet deviennent le théâtre d’une mêlée sanglante. Moulin et Caffin ont beau se battre malgré les balles qui les frappent, leurs soldats commencent à plier. Un fourgon renversé encombre la rue des Vieux-Greniers, gênant leur retraite. Désarçonné par la violence des combats, Moulin se trouve aux prises avec les paysans qui veulent s’en saisir. Ses officiers l’entourent pour le protéger, mais tombent percés de coups. Le général braque alors son pistolet sur sa tête et tire pour échapper à la vengeance qu’il aurait méritée.

La victoire de Stofflet sera de courte durée. Ses hommes partis à la poursuite des fuyards sur les routes de Mortagne, de La Séguinière et de Saint-Léger ne tardent pas à se heurter à la colonne de Cordelier venue de Tiffauges. Dispersés, les Blancs se replient vers la route de Nuaillé par où ils étaient arrivés, sans que leurs officiers puissent les rallier.

La prise de Cholet, ce 8 février 1794, a montré à Turreau que ses ennemis pouvaient le surprendre jusque dans les villes. Il lui faut pourtant en rendre compte auprès du Comité de Salut public, en atténuant cette défaite par le carnage que Cordelier aurait fait des « brigands ». Dans sa lettre, Turreau réserve un sort terrible à la ville : « L’intérêt public exige que la Convention nationale décrète sur-le-champ que Cholet, malgré le patriotisme de ses habitants, ne sera pas excepté de l’incendie général […] Je le répète, tant que Cholet existera, il sera le théâtre des incursions des rebelles et le tombeau de nos soldats… » (Lettre de Turreau au Comité de Salut public, 9 février 1794)

Mercredi 8 Février 2012
La rédaction
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