Robespierre fut-il lié à la “mère de Dieu”, une prophétesse qui, en pleine Terreur, annonçait la venue d’un messie ?
En ces premiers jours de mai 1794, Maximilien Robespierre semble au faîte de la puissance.
Pourtant, ignorant moins que quiconque que la roche Tarpéienne est proche du Capitole, il sait ses ennemis de plus en plus nombreux. L’accusant déjà d’aspirer à la dictature, ils le soupçonnent, à présent, de vouloir davantage. De fait, après le 10 thermidor, on découvrira chez lui des cartons de lettres d’admirateurs (et d’admiratrices) l’érigeant en « divinité suprême »… Pour l’heure, voici que l’on apporte à Vadier, le président du Comité de sûreté générale, une pièce saisie seize mois plus tôt chez une certaine Catherine Théot, dite la “mère de Dieu”, dans laquelle il est longuement question d’un mystérieux personnage désigné par le seul pronom « Il » (avec une majuscule) : « Il a passé il y a quelques jours ; Il m’a donné sa bénédiction […] » Pour Vadier, aucun doute possible : “Il” désigne Robespierre. Le 8 mai, Catherine Théot et nombre de ses adeptes sont arrêtés.
Qui est donc cette “mère de Dieu” ?
Qui est donc cette “mère de Dieu” ? Née en 1716, ancienne domestique au couvent des Miramionnes devenue devineresse, Catherine Théot a été emprisonnée trois ans — de 1779 à 1782 — à la Bastille, à la Force, puis à la Salpêtrière pour blasphème, avant de se déclarer “mère du Verbe”. Arguant de dons de thaumaturge et se disant investie d’une mission spirituelle, elle réunit, dès avant 1789, des disciples qui afflueront avec la Révolution. Elle attire à elle, à partir de 1793, des déistes opposés à l’athéisme des hébertistes et annonce la venue d’un messie. L’Incorruptible serait-il, à ses yeux, ce messie ? Rien ne permet de l’affirmer, si ce n’est que nombre de partisans de Robespierre comptent parmi ses fidèles. Au point que l’“affaire Théot” contribuera à la chute de ce dernier. Quant à la “mère de Dieu”, acquittée après le 10 thermidor, elle mourra le 1er septembre 1794.