Deux criminels de guerre sur l'Arc de Triomphe

Parmi les 660 personnalités dont l'Arc de Triomphe honore les noms figurent deux généraux, qui firent certes carrière sous l'Empire, mais qui restent surtout tristement célèbres pour avoir ordonné ou commis les pires atrocités en Vendée.


L'Arc de Triomphe à Paris
Le premier porte le nom honni de Turreau. Nommé commandant en chef de l'Armée de l'Ouest à la fin de l'année 1793, peu de temps avant que les Vendéens soient écrasés dans les marais de Savenay, ce général promu par la Révolution est chargé de mettre en application sur le terrain les décrets d'extermination du pays insurgé, votés par la Convention en août 1793.

Portrait de Turreau par Louis Hersent (Musée d'Art et d'Histoire, Cholet)
Il élabore ainsi un plan d'action au moyen de colonnes mobiles formant deux armées qui progresseront en étau vers le centre de la Vendée. Les ordres qu'il a reçus sont clairs. Il les relaie aux commandants de ses colonnes :

g[ Tous les brigands [nom donné aux insurgés] qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes, seulement suspectes, ne seront pas plus épargnées… Tous les villages, métairies, bois, genêts, et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes… ]g (Instruction relative à l'exécution des ordres, donnée le 19 janvier 1794)

Les colonnes se mettent en marche le 21 janvier suivant. L'horreur de leurs exactions, incendies et massacres de masse, qui se prolongeront jusqu'à l'été, leur vaudront le nom de Colonnes infernales.

Turreau est démis de son commandement en mai 1794. Non pas pour sanctionner ses crimes (il ne sera jamais condamné), mais parce Robespierre, qui a éliminé ses derniers opposants, n'a plus besoin de la Vendée pour entretenir la Terreur.
Réhabilité en 1795 et blanchi de toute faute, le général poursuivra sa carrière sous le Consulat et l'Empire, et sera même nommé ambassadeur de France aux Etats-Unis. Il s'éteindra paisiblement en 1816, sans savoir que sa mémoire sera honorée sur le monument de nos gloires militaires, alors même que son principal fait d'armes aurait dû à jamais frapper son nom d'indignité.

Le second nom est celui du général Amey, connu pour avoir incendier la ville des Herbiers et brûler des femmes dans des fours. Mais pour lui aussi, les guerres napoléoniennes semblent avoir effacé les crimes…

Lien : Lettre au Ministre de la Culture pour effacer les noms de Turreau et d'Amey de l'Arc de Triomphe
Mercredi 8 Septembre 2010
La rédaction
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