Le martyre de l'abbé Nicolas

Le canton de Mortagne-sur-Sèvre est riche de souvenirs des Guerres de Vendée. Plusieurs d'entre eux entretiennent la mémoire d'un prêtre martyrisé sous la Terreur.


Le logis de Beauregard et la croix de l'abbé Nicolas près de Mortagne (sur la commune de Saint-Christophe-du-Bois)
Chambretaud, Saint-Martin-des-Tilleuls, Mortagne… La mort de l'abbé Nicolas fut à ce point tragique qu'elle a imprégné tous les lieux de son existence.
François Nicolas est à Saint-Martin-Lars (ancien nom de Saint-Martin-des-Tilleuls) le 11 janvier 1761. Probablement remarqué par son curé, le garçon entra au séminaire d'où il sortit vicaire. Sa première signature, portée au registre de Chambretaud, apparaît en date du 20 décembre 1785. Il a alors à peine 25 ans.

Signature de l'Abbé Nicolas
La clandestinité

La Révolution le trouve dans cette paroisse du Bocage aux côtés du curé Gabard. Comme la majorité du clergé vendéen, le curé et le vicaire rejettent le serment imposé aux ecclésiastiques. Ils parviennent cependant à poursuivre leur ministère jusqu'en 1792, avant d'entrer dans la clandestinité. M. Gabard trouve refuge parmi ses paroissiens. Il échappera aux Bleus pendant la Terreur, jusqu'à la paix.
François Nicolas, quant à lui, s'est retiré chez ses parents, aux environs de Tiffauges. L'endroit isolé semblait une retraite idéale. Hélas ! à la fin de l'année 1793, un détachement de Bleus fait irruption dans la ferme et s'empare du vicaire. Une mendiante ou une voisine, selon les versions, l'aurait dénoncé. Le malheureux est bousculé et conduit sous les insultes jusqu'à Mortagne.

Vitrail dit de l'abbé Nicolas dans l'église de Chambretaud (1re travée à droite en entrant)
Le supplice

Les soldats jubilent. Leur « justice » sera exemplaire. Pas d'interrogatoire ni de procès, le prêtre vendéen doit mourir, parce qu'il est prêtre et vendéen.
La troupe a fait halte près du logis de Beauregard, en lisière de Mortagne. Les Bleus commencent par creuser une fosse, puis ordonnent au prisonnier d'y descendre. La victime est maintenue debout, tandis que les bourreaux comblent le trou jusqu'aux épaules. Enterré vivant, l'abbé Nicolas suffoque. Les Bleus s'en amusent. Ils commencent à s'éloigner de quelques pas en riant, arment leurs fusils et, prenant leur temps, se mettent à tirer l'un après l'autre en visant la tête du malheureux. Au bout de vingt détonations, le martyr cesse de donner signe de vie.
Un Bleu approche alors, tire son sabre, et d'un geste assuré tranche la tête ensanglantée. D'un coup de pied le soldat la fait rouler vers un camarade qui la relance plus loin à un autre. Le sinistre jeu de passe dure un quart d'heure. La troupe repart ensuite vers Mortagne, poussant du pied devant elle la tête du martyr à travers les rues de la ville.

Plaque posée par le Souvenir vendéen derrière la croix
Monuments du souvenir

Le souvenir de ce drame s'est perpétué. On érigea en mémoire de l'abbé Nicolas une croix de granit à l'entrée du logis de Beauregard. Sa forme écourtée évoque les conditions du supplice. Le Souvenir vendéen y apposa une plaque en 1958 : In memoriam. Ici en 1793, a été torturé et massacré en haine de la religion catholique, l'abbé François Nicolas, vicaire à Chambretaud, né à Saint-Martin-Lars en Tiffauges.
Son nom figure aussi au mur de la Chapelle des Martyrs de Saint-Martin-des-Tilleuls, mais c'est certainement Chambretaud qui lui a rendu le plus bel hommage en lui dédiant en 1931 un superbe vitrail immortalisant ce dramatique épisode de la Terreur en Vendée (détail ci-dessus).

Mention du nom de l'abbé Nicolas dans la liste des victimes de la Révolution, registre d'état civil de Chambretaud
Jeudi 14 Octobre 2010
La rédaction
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