Le souvenir de Sapinaud à La Verrie

En sortant de l'église Saint-Maixent de La Verrie, on aperçoit en contrebas, sur la droite, un élégant porche de granit. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un passage menant à la place de l'Abbé Léauté. Le logis autrefois gardé par ces deux portes ogivales a aujourd'hui disparu. Hélas ! Car c'est ici que vivait un des grands noms des Guerres de Vendée, le général Sapinaud.


Le porche de La Verrie adopte une architecture répandue dans les logis du Haut-Bocage, avec ses deux portes, l'une pour les cavaliers et les charrettes, l'autre pour les piétons.
La Verrie échut aux Sapinaud au XVIIIe siècle. La famille comportait deux lignées: celle de la Rairie, du nom d'un manoir près de Bazoges-en-Paillers, et celle de Bois-Huguet dont la terre se situait entre Mortagne et Le Puy-Saint-Bonnet. Louis-Célestin Sapinaud (de La Verrie) appartenait à la seconde. Né le 6 novembre 1739 au domaine familial (paroisse de Saint-Hilaire-de-Mortagne), il était le fils de Charles-François de Bois-Huguet et de Charlotte-Angélique Imbert. Il épousa le 21 novembre 1775, à Thouarcé en Anjou, Catherine du Verdier de La Sorinière.

Louis-Célestin Sapinaud de Bois-Huguet, ou de La Verrie, entra dans l'Histoire en 1793, lorsque les paysans des environs, révoltés par les exactions des révolutionnaires, vinrent le chercher dans son logis, le 11 mars. Monsieur le Chevalier, comme ses métayers l'appelaient, était un homme prudent. Il avait placé de l'espoir dans les réformes que promettait la Révolution à ses débuts, mais les excès du nouveau pouvoir mirent fin à ses illusions. Il se retira dans ses terres, loin du tumulte. C'est pourtant là que la Révolution le rattrapa.

Sapinaud de Bois-Huguet (ou de La Verrie)
Les persécutions contre l'Eglise nourrissaient depuis quelques années déjà une sourde colère à travers le Bocage, quand l'annonce d'une nouvelle conscription mit le feu aux poudres. Des bandes de paysans marchèrent sur le logis de La Verrie et appelèrent M. de Sapinaud à se mettre à leur tête pour conduire leur révolte. Celui-ci en mesura aussitôt les conséquences, les rappela à la raison et les pria de rentrer chez eux. Les Bocains ne s'en laissèrent pas compter. Il surveillèrent discrètement le logis durant la nuit, pour empêcher son propriétaire de se soustraire à ce qu'ils estimaient être son devoir, puis se présentèrent à nouveau au portail au matin du 12 mars.

Cette fois les paysans s'étaient rassemblés en plus grand nombre au son du tocsin. M. de Sapinaud tenta de les apaiser, mais les gars de La Verrie l'interpelèrent. Ils refusaient la conscription, réclamaient leurs bons prêtres. Pourquoi aller se battre aux frontières pour les « patriotes » qui les méprisent et les persécutent ? Sapinaud les prévient : « C'est le pot de terre contre le pot de fer, nous serons écrasés ! » Cette perspective n'effraya pas les insurgés, bien résolus à partir au combat. Le Chevalier finit par céder, à la condition que tous lui jurent une obéissance aveugle. « Nous le jurons ! » répondirent-ils comme un seul homme. Alors Sapinaud leur commanda de se préparer à marcher vers la paroisse voisine de La Gaubretière. La guerre venait de commencer dans le Haut-Bocage…

La plaque du Souvenir vendéen sur le porche du logis de Sapinaud
En mémoire de Sapinaud, le Souvenir vendéen fit sceller une plaque de granit sur ce porche, en 1944. Elle porte, entre le blason de sa famille et un cœur vendéen, l'inscription suivante : Sapinaud de La Verrie partit d'ici le 12 mars 1793 avec les gars de sa paroisse pour la défense de la foi.

À lire : Le Chevalier de Sapinaud et les chefs vendéens du Centre, par Louis de La Boutetière.
Vendredi 29 Juillet 2011
La rédaction
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