Le tombeau de Bonchamps à Saint-Florent-le-Vieil

Le tombeau de Bonchamps, érigé dans l’église de Saint-Florent-le-Vieil, est considéré à juste titre comme le chef-d’œuvre de David d’Angers, et certainement le plus beau monument élevé à la mémoire d’un général vendéen.


Lors de sa visite à Saint-Florent, le 22 septembre 1823, la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI, fut invitée à découvrir les travaux du monument de Bonchamps sur lequel travaillait le sculpteur David d’Angers (1). Le corps du général vendéen, inhumé à la sauvette dans le cimetière de Varades le 19 octobre 1793, avait été exhumé le 20 octobre 1817 par le comte Arthur de Bouillé (2), gendre du général, puis déposé dans sa paroisse de La Chapelle-Saint-Florent, en présence du comte d’Autichamp, du vicomte de Scépeaux (3), du curé Courgeon de La Chapelle-Saint-Florent (4), et d’un grand nombre de soldats et d’officiers de l’armée de Bonchamps.
Ses restes furent à nouveau transférés, cette fois à Saint-Florent, le 18 juin 1825. L’inauguration solennelle du superbe mausolée aménagé en son honneur dans le chœur de l’abbatiale de Saint-Florent par l’architecte Achille Leclerc, eut lieu le 11 juillet suivant. D’anciens vétérans de la Grande Guerre vinrent à Saint-Florent rendre les honneurs à leur général. David en profita pour dessiner les portraits d’une soixantaine d’entre eux. Lors des travaux de restauration du chœur en 1890, le tombeau fut déplacé avec soin une dernière fois, dans le transept nord de l’église.

La statue de marbre blanc, figée dans le célèbre geste de clémence qui a immortalisé Bonchamps (5), domine un tombeau de marbre noir frappé du blason du général (de gueules à deux triangles vidés d’or, entrelacés en forme d’étoile) et de son nom en lettres dorées. Quatre allégories, la Foi, la Douleur, la France et la Religion, sculptées en bas-reliefs devaient initialement encadrer le tombeau, autour duquel il était prévu que l’on puisse circuler. Adossé au mur du transept, le tombeau n’en montre plus que trois.

L’église abbatiale de Saint-Florent comprend, outre ce chef-d’œuvre de la sculpture française, une série de verrières commémorant les événements locaux de la Révolution et un musée lapidaire exposant, parmi d’autres pièces, la première dalle funéraire de Cathelineau.

Gravure de la mort de Bonchamps
Notes :
(1) Républicain convaincu, cet artiste voulut rendre hommage à l’homme qui avait sauvé la vie de son père, alors prisonnier des Vendéens à Saint-Florent.
(2) Arthur Philippe Guillaume Parfait de Bouillé (1790-1868) avait épousé le 27 février 1817 Zoé Anne Agathe Charlotte de Bonchamps (1789-1877), fille du général vendéen.
(3) Ancien général en chef des Chouans de la rive droite de la Loire, Marie Paul Alexandre César de Scépeaux (1768-1821) était aussi le beau-frère de Bonchamps. Sa sœur Marie Renée Marguerite (1767-1845) avait épousé Charles Melchior Artus de Bonchamps à Angers le 10 juillet 1789.
(4) Ce prêtre avait accompagné les derniers moments de Bonchamps.
(5) Au lendemain de leur défaite à Cholet (17 octobre 1793), les Vendéens battirent en retraite vers la Loire. Acculés au fleuve à Saint-Florent-le-Vieil, ils parvinrent à le franchir pour entamer une nouvelle campagne sur l’autre rive, en quête de renforts chouans et d’un port de mer. Ils ne pouvaient cependant emmener avec eux les milliers de prisonniers républicains enfermés dans l’abbatiale. Qu’en faire ? Beaucoup réclamaient leur mort, mais Bonchamps, blessé à mort à Cholet, donna un dernier ordre : Grâce aux prisonniers ! Infiniment respecté par ses hommes, il fut obéi. Son geste de clémence offre la réponse la plus sublime à la folie meurtrière de la Révolution.

A lire :
Bonchamps et l'insurrection vendéenne, 1760-1793 (René Blachez)
Mémoires de Madame la marquise de Bonchamps
Vendredi 27 Aout 2010
La rédaction
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