La statue de Cathelineau, la nouvelle inaugurée en 1993 (à gauche) et l'ancienne usée par le temps
« Une statue sous le boisseau », tel pourrait être le titre de l'aventure dont voici brièvement le véridique récit :
Le petite commune du Pin-en-Mauges possède un grand homme depuis longtemps classé dans l'Histoire, où il semblait devoir reposer, en la sérénité d'une paix définitive. Ce personnage, c'est Jacques Cathelineau, le fameux chef vendéen, qui, le 13 mars 1793, se mit à la tête des Blancs des Mauges et tomba mortellement blessé au siège de Nantes, le 29 juin 1793.
Sous la Restauration, en 1827, on lui éleva un monument dans son bourg natal, mais en 1832, le gouvernement de Juillet, auquel il portait ombrage, s'empressa de le faire enlever et la statue fut déposée dans le jardin du presbytère.
Ce n'était là que le commencement des vicissitudes du héros. En 1893, à l'occasion du centenaire de la mémorable prise d'armes de Saint-Florent-le-Vieil, un comité local se formait en vue de réédifier ce monument. L'un de ses vice-présidents était M. le comte Maurice d'Andigné, ancien secrétaire du comte de Chambord et maire de la commune. Grâce à ses actives démarches, les difficultés d'ordre politique et administratif furent aplanies. Le gouvernement de la république, plus tolérant en cette affaire que celui de Louis-Philippe, autorisait l'érection de la statue sur un terrain communal situé en bordure de la place, dûment entouré d'une clôture derrière la grille de laquelle les habitants du Pin-en-Mauges pourraient d'ailleurs contempler leur illustre compatriote.
Le petite commune du Pin-en-Mauges possède un grand homme depuis longtemps classé dans l'Histoire, où il semblait devoir reposer, en la sérénité d'une paix définitive. Ce personnage, c'est Jacques Cathelineau, le fameux chef vendéen, qui, le 13 mars 1793, se mit à la tête des Blancs des Mauges et tomba mortellement blessé au siège de Nantes, le 29 juin 1793.
Sous la Restauration, en 1827, on lui éleva un monument dans son bourg natal, mais en 1832, le gouvernement de Juillet, auquel il portait ombrage, s'empressa de le faire enlever et la statue fut déposée dans le jardin du presbytère.
Ce n'était là que le commencement des vicissitudes du héros. En 1893, à l'occasion du centenaire de la mémorable prise d'armes de Saint-Florent-le-Vieil, un comité local se formait en vue de réédifier ce monument. L'un de ses vice-présidents était M. le comte Maurice d'Andigné, ancien secrétaire du comte de Chambord et maire de la commune. Grâce à ses actives démarches, les difficultés d'ordre politique et administratif furent aplanies. Le gouvernement de la république, plus tolérant en cette affaire que celui de Louis-Philippe, autorisait l'érection de la statue sur un terrain communal situé en bordure de la place, dûment entouré d'une clôture derrière la grille de laquelle les habitants du Pin-en-Mauges pourraient d'ailleurs contempler leur illustre compatriote.
La statue de Cathelineau dans son coffre de bois en 1896-1897
Une transaction aussi raisonnable semblait devoir satisfaire tout le monde. Mais on avait compté sans l'intransigeance de certains membres du comité et surtout de M. Xavier de Cathelineau, descendant direct du chef vendéen et propriétaire du terrain servant de place publique au bourg. Toute cette diplomatie courtoise lui déplut. Le 17 octobre1896, assisté de M. Gabory, sourd aux sages avis du maire, il faisait hisser sur son piédestal la statue de son ancêtre, en la laissant enfermée dans une caisse en bois. Puis, le 6 mars 1897, il enlevait subrepticement l'éteignoir en planches. — C'est le vent ! déclara-t-il au préfet… Tant de malice entre-t-il donc dans les fantaisies aériennes ? Le fonctionnaire sceptique mobilisait aussitôt commissaire de police et gendarmes, non pour verbaliser contre le vent, mais pour descendre l'effigie devenue séditieuse et la déposer dans un hangar où elle attendra, longtemps peut-être, des jours meilleurs. Car, à la suite de ces incidents, la discorde règne au camp royaliste en Anjou, et le gouvernement, d'abord très conciliant, n'est guère d'humeur à se prêter davantage aux facéties par où l'héritier d'un nom historique , sous prétexte de résistance chevaleresque, a rendu un singulier hommage à la mémoire de son aïeul en exposant sa statue à la risée publique. (article signé Edmond Franck)