Petite histoire de Cathelineau (1), une famille vendéenne

Les parents de Jacques Cathelineau étaient de modestes artisans. Le père, Jean, cumulait deux métiers comme il était souvent d’usage dans les Mauges à cette époque. Maçon durant l’été, il se faisait tisserand pour le compte de la fabrique de Cholet aux mauvais jours d’hiver. Respecté pour son honnêteté et sa piété, il devint sacristain de l’église du Pin. Ce statut aura une influence décisive sur l’éducation de ses enfants, en particulier de Jacques.


Les Vendéens demandent à Cathelineau de prendre la tête de l'insurrection (1900) par Jean-Hubert Sauzeau (Musée de Niort)
Jean Cathelineau avait épousé en 1756, à l’âge de 20 ans, Perrine Hudon. La moitié de leurs enfants (quatre garçons qui prirent part à la Guerre de Vendée et une fille, tous nés au Pin-en-Mauges ) vécut assez longtemps pour voir la Révolution :

Jean, né en 1756, avait 36 ans en mars 1793. Maçon comme son père, il épousa en 1779 au Pin-en-Mauges, Marie Rochard dont il eut plusieurs enfants. Il prit les armes comme son frère, mais connut un destin plus obscur et périt dans le désastre de Savenay le 23 décembre 1793.

Jacques, né en 1759, avait 34 ans au moment de l’insurrection. Lui aussi était maçon comme l’indique son acte de mariage. Il a 18 ans lorsqu’il épouse, en 1777, Louise Godin, alors âgée de 25 ans. Onze enfants naîtront de cette union. Promu « Saint de l’Anjou » et commandant de l’Armée catholique et royale, il est la gloire de sa famille, de sa paroisse et de toutes les Mauges.

Marie Jeanne, surnommé « Jeannic », née en 1761, avait 31 ans. Elle suivit les armées comme infirmière et vint en aide notamment à son frère Jacques lorsqu’il fut ramené de Nantes à Saint-Florent-le-Vieil. Elle épousa Jean Mousseau, tisserand de Montrevault, dans cette ville en 1797.

Jacques Cathelineau en 1793
Pierre Joseph, né en 1767, avait 25 ans en mars 1793. Il participa lui aussi à la guerre de 1793 comme officier subalterne, bien qu’il ne manquât pas de bravoure. C’est lui qui conduisit d’Elbée, grièvement blessé à la bataille de Cholet, jusqu’à Noirmoutier, dernier retranchement tenu par les soldats de Charette. À son retour il organisa la résistance dans les Mauges à l’époque où les Vendéens sillonnaient les routes de la Virée de Galerne. Il s’efforça de leur venir en aide lorsqu’ils tentèrent de repasser la Loire, en vain. Seuls La Rochejaquelein, Stofflet et une poignée de compagnons parvinrent à rentrer au pays. Pierre leur rendit le commandement de sa Petite Armée et se plaça sous leurs ordres. Les colonnes de Turreau avaient plongé les Mauges dans l’horreur des massacres et des incendies et la petite troupe de résistants ne put guère mener que des coups de main contre des convois ou des détachements républicains isolés. Les Vendéens relevèrent la tête aux combats de Gesté (1er février 1794) et de Cholet (8 février) où Pierre Cathelineau se distingua particulièrement. Blessé près de cette ville au début du mois de mars, il mourut quelques jours plus tard dans une métairie du Pin-en-Mauges, à l’âge de 26 ans.

Cathelineau au pèlerinage de Notre-Dame de Charité (1791)
Joseph, né en 1772, avait 21 ans en 1793. Il prit les armes comme ses frères et se signala aux combats de Cholet, de Coron et de Chalonnes. C’est dans cette ville qu’il fut capturé, tandis qu’il commandait une mission de reconnaissance. Conduit à Angers, il fut interrogé par une commission militaire, condamné à mort et guillotiné le 27 mars 1793.

La Révolution décima la famille Cathelineau. Elle prit à Jeannic ses quatre frères et ne la laissa qu’avec sa belle-mère, ses deux belle-sœur et ses jeunes neveux et nièces. Sur les 11 enfants de Jacques Cathelineau et Louise Godin, tous nés au Pin-en-Mauges, quatre filles et un fils franchirent le siècle :

Marie, née en 1781, eut son oncle Jean et sa tante Marie comme parrain et marraine. Elle consacra sa vie à l’instruction, aux soins apportés aux malades et mourut à Saint-Laurent-du-Mottay en 1860. C'est elle dont nous a parlé Jean Brochard, lors de notre périple dans les Mauges, le 14 juillet dernier.

Louise Perrine, née en 1783, épousa à Montrevault, en 1810, Louis Bouhier. Elle mourut à La Boissière-du-Doré en 1872.

Jacques Joseph (1787-1832)
Jacques Joseph, né en 1787, fut leur seul fils. Un autre Jacques le précéda en 1785, mais ne vécut que seize jours. La veuve de Lescure, devenue marquise de La Rochejaquelein, le prit sous sa protection. Il avait 21 ans lorsqu’il épousa à La Jubaudière, en 1808, Marie Catherine Coiffard. Sept ans après, la guerre des Cent Jours lui donna l’occasion de faire ses premières armes aux côtés d’Auguste de La Rochejaquelein et d’Autichamp. La Restauration le combla d’honneurs. Louis XVIII anoblit sa famille, Charles X l’éleva en grade et la Vendée bâtit un monument à la mémoire de son père. La révolution de 1830 l’incita à rejoindre les projets de soulèvement de la duchesse de Berry qui lui confia son 1er corps d’armée entre Loire et Sèvre. Malheureusement il fut surpris par les soldats de Louis-Philippe à la Chaperonnière, à mi-chemin entre Beaupréau et Jallais, et sommairement exécuté le 27 mai 1832.

Rose Marie, née en 1788, épousa à Montrevault, en 1813, René Jean Esseul. Elle mourut à Andrezé en 1873.

Jeanne, née en 1791, épousa à La Jubaudière, en 1811, Pierre Lunel, un valeureux combattant vendéen qui n’avait que 14 ans quand il rallia l’insurrection. Il survécut à Savenay, se cachant dans les forêts jusqu’au retour de la paix, puis reprit les armes lors des soulèvements de 1799 et 1815. Rendu invalide par ses blessures, il mourut au May-sur-Èvre en 1825. Dernier enfant vivant de Jacques Cathelineau, Jeanne s’éteignit près d’un demi-siècle plus tard, en 1875.

Mercredi 24 Aout 2011
La rédaction
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