Noël Pinot monte à l'échafaud, fresque de l'église du Louroux-Béconnais
C'était le dixième jour de février 1794 qu'il [Noël Pinot] fut arrêté, et ce même jour il fut introduit dans les prisons […] Il fut jeté dans les cachots, réduit au pain et à l'eau, et couché sur de la mauvaise paille. Dans cet état, mangé de vermines, il lui était défendu de parler à personne et de recevoir aucun soulagement. Mais on ne faisait que prévenir ses désirs, il ne voulait rien recevoir ; un peu d'eau et de pain, voilà tout ce qu'il voulait pour se soutenir jusqu'au moment de son martyre.
Cependant on se plaignait hautement des massacres que la Commission résidant à Angers et établie par les représentants du peuple faisait faire. On trouvait mauvais qu'on fît mourir tant de personnes à la fois, et cela sans les juger, ni leur donner le temps de s'expliquer. Le bruit s'était même répandu que la Commission était en arrestation et qu'elle allait être jugée à son tour […]
Plusieurs jours en effet se passèrent sans qu'on fût témoin des mêmes horreurs. Déjà on se félicitait du retour de la paix; On espérait que M. le Curé du Louroux serait oublié. C'était à tort. Si on s'était si fort élevé contre les massacres de tout genre, c'est que chacun craignait pour soi ; les plus ardents patriotes n'étaient pas plus épargnés. On avait gardé le silence, tandis qu'il n'avait été question que des prêtres ou des catholiques, désignés sous le beau nom d'aristocrate et de fanatique […]
Cependant on se plaignait hautement des massacres que la Commission résidant à Angers et établie par les représentants du peuple faisait faire. On trouvait mauvais qu'on fît mourir tant de personnes à la fois, et cela sans les juger, ni leur donner le temps de s'expliquer. Le bruit s'était même répandu que la Commission était en arrestation et qu'elle allait être jugée à son tour […]
Plusieurs jours en effet se passèrent sans qu'on fût témoin des mêmes horreurs. Déjà on se félicitait du retour de la paix; On espérait que M. le Curé du Louroux serait oublié. C'était à tort. Si on s'était si fort élevé contre les massacres de tout genre, c'est que chacun craignait pour soi ; les plus ardents patriotes n'étaient pas plus épargnés. On avait gardé le silence, tandis qu'il n'avait été question que des prêtres ou des catholiques, désignés sous le beau nom d'aristocrate et de fanatique […]
Le 21 février, M. le Curé du Louroux, sur le sort duquel toutes les âmes vertueuses étaient consternées, fut cité devant la Commission sanguinaire et, après plusieurs questions qu'on lui fit et auxquelles il répondit avec cette précision et cette fermeté qui lui étaient naturelles, il fut condamné à mort. Ses juges, pour donner plus d'appareil à son supplice, lui demandèrent s'il ne serait pas bien aise d'y aller en habits sacerdotaux : « Oui, leur répondit-il, ce serait une grande satisfaction pour moi. – Eh bien, lui répondirent les bourreaux, tu en seras revêtu et tu subiras la mort dans cet accoutrement. »
Dans le jour du jugement on ne manqua pas de le revêtir de sa soutane, d'un amict, d'une aube, d'une étolle, manipule et bonnet carré. Il lui manquait un calice, mais, comme il avait les mains attachées derrière le dos, cela n'aurait pas été possible. On s'était contenté de lui donner à porter quand il fut conduit pour la première fois dans la prison.
Le saint prêtre du Seigneur, ainsi revêtu, part de la prison, traverse la rue Saint-Laud, pour allonger la marche, arrive au son du tambour au lieu de son supplice [la place du Ralliement]. Son air content et satisfait annonçait la joie qu'il ressentait de souffrir pour Jésus-Christ. Ce spectacle cependant ne parut pas bien prendre. Chacun reculait d'horreur et se retirait dans sa maison pour n'être pas témoin d'un tel sacrilège. Enfin, la victime le présente au bourreau ; on le dépouille seulement de sa chasuble et, dans cet état, il reçoit la couronne du martyre au milieu d'un morne silence, qui fut interrompu par quelques cris de Vive la République ! de la part de ses juges seulement, indignés de n'avoir pas d'imitateurs […]
Dans le jour du jugement on ne manqua pas de le revêtir de sa soutane, d'un amict, d'une aube, d'une étolle, manipule et bonnet carré. Il lui manquait un calice, mais, comme il avait les mains attachées derrière le dos, cela n'aurait pas été possible. On s'était contenté de lui donner à porter quand il fut conduit pour la première fois dans la prison.
Le saint prêtre du Seigneur, ainsi revêtu, part de la prison, traverse la rue Saint-Laud, pour allonger la marche, arrive au son du tambour au lieu de son supplice [la place du Ralliement]. Son air content et satisfait annonçait la joie qu'il ressentait de souffrir pour Jésus-Christ. Ce spectacle cependant ne parut pas bien prendre. Chacun reculait d'horreur et se retirait dans sa maison pour n'être pas témoin d'un tel sacrilège. Enfin, la victime le présente au bourreau ; on le dépouille seulement de sa chasuble et, dans cet état, il reçoit la couronne du martyre au milieu d'un morne silence, qui fut interrompu par quelques cris de Vive la République ! de la part de ses juges seulement, indignés de n'avoir pas d'imitateurs […]
L'exécution de Noël Pinot, place du Ralliement à Angers
Ce fut sur les trois heures et quart que M. Pinot, curé du Louroux, natif de la paroisse de Saint-Martin d'Angers, termina sa vie sainte et vraiment apostolique. Les fidèles se flattent que l'Eglise le mettra au nombre de ses martyrs et qu'elle en célèbrera la mémoire [ce sera le cas le 31 octobre 1926], ainsi que celle de ceux qui l'ont précédé [et parmi eux 99 victimes du Champ des Martyrs d'Avrillé, béatifiés à leur tour le 17 février 1984].
A lire : Mémoires et Journal de l'Abbé Gruget, curé de la Trinité d'Angers
A voir : Le souvenir de Noël Pinot dans l'église du Louroux-Béconnais
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