La Révolution française fut profondément antireligieuse. Mois après mois, elle enchaîna les mesures à seule fin d’éradiquer le christianisme de la vie quotidienne des Français. Bien plus que le Roi, l’Église restait le principal obstacle à la régénération de l’homme et de la société.
La proclamation de la liberté des opinions religieuses en août 1789 n’a pas fait pas longtemps illusion. Dès la fin de l’année, l’Assemblée s’en prend aux biens du clergé (2 novembre 1789). Bientôt elle légifère sur les congrégations (13 février 1790), avant de s’atteler à la réorganisation de l’Église de France en élaborant une Constitution civile du clergé (12 juillet 1790). Afin de les délier de Rome, elle impose aux ecclésiastiques un serment de soumission à la loi (27 novembre 1790). L’Église se déchire entre les insermentés (les réfractaires) et les constitutionnels (les jureurs). Levant ainsi le voile sur leurs adversaires, les révolutionnaires ont dès lors tout le loisir de les harceler. Les réfractaires sont proscrits, condamnés à la déportation (27 mai 1792), les derniers ordres religieux supprimés (18 août 1792). L’église constitutionnelle n’est pas épargnée pour autant. Une bonne part de son clergé, emporté par la frénésie révolutionnaire, finira par brûler ses lettres de prêtrise.
Les persécutions lancées contre l’Église n’y suffisent pas. Il faut débarrasser la France de tout souvenir de son passé chrétien. On détruit les croix et les calvaires, on saisit les cloches pour les fondre, on ferme les églises, on interdit toute manifestation extérieure du culte. En adoptant le 5 octobre 1793 le décret sur le nouveau calendrier révolutionnaire, la Convention entend même régénérer la mesure du temps. Les saints sont expulsés, les fêtes religieuses bannies. Plus question de chômer le dimanche, mais interdiction en revanche de travailler le décadi, le dernier des dix jours de la nouvelle semaine.
Les persécutions lancées contre l’Église n’y suffisent pas. Il faut débarrasser la France de tout souvenir de son passé chrétien. On détruit les croix et les calvaires, on saisit les cloches pour les fondre, on ferme les églises, on interdit toute manifestation extérieure du culte. En adoptant le 5 octobre 1793 le décret sur le nouveau calendrier révolutionnaire, la Convention entend même régénérer la mesure du temps. Les saints sont expulsés, les fêtes religieuses bannies. Plus question de chômer le dimanche, mais interdiction en revanche de travailler le décadi, le dernier des dix jours de la nouvelle semaine.
Carte du département de la Mayenne (1790)
Il faut enfin effacer de la carte de France tous les noms marqués du sceau du fanatisme ou de l’aristocratie, selon la terminologie de l’époque. Aucun département ne fut épargné. La Mayenne et la Sarthe, héritiers de l’ancien Maine, en apportent l'illustration :
Premières visées, les mentions religieuses sont légions, en particulier les Saints :
La Chapelle-aux-Choux (Sarthe) devient Vallon-sur-Loir.
Parigné-l’Évêque (Sarthe) : Parigné-lès-le-Mans.
Saint-Berthevin-la-Tannière (Mayenne) : Centranne.
Saint-Calais (Sarthe) : Calais-sur-Anille.
Saint-Calez-en-Saonois (Sarthe) : Calez-en-Saonois.
Saint-Christophe-du-Luat (Mayenne) : Luat.
Saint-Cosme-de-Vair (Sarthe) : Montrecipe.
Saint-Denis-des-Coudrais (Sarthe) : Denis-des-Coudrais.
Saint-Georges-de-Dangeul (Sarthe) : Dangeul.
Saint-Germain-d’Arcé (Sarthe) : Arcé-sur-Fare.
Saint-Georges-sur-Erve (Mayenne) : Mauranne.
Saint-Germain-de-Coulamer (Mayenne) : Colimer.
Saint-Hilaire-des-Landes (Mayenne) : Landes-et-Landa.
Saint-Jean-sur-Mayenne (Mayenne) : Boisse.
Saint-Maixent (Sarthe) : Maixent-sur-Quenne.
Saint-Mars-sur-la-Futaie (Mayenne) : Mont-Mars.
Saint-Martin-de-Connée (Mayenne) : Connée.
Saint-Michel-de-Chavaigne (Sarthe) : Chavaigne-sur-Nogue.
Sainte-Cerotte (Sarthe) : Cerotte-en-Bel-Air.
Sainte-Colombe (Sarthe) : Montrouge.
Sainte-Croix (Sarthe) : Croix-Gazonfière.
Sainte-Osmane (Sarthe) : Osmane-la-Fontaine.
Sainte-Suzanne (Mayenne) : Mont-d’Erve (Du nom de la rivière, l'Erve, qui coule au pied du promontoire).
Savigné-l’Évêque (Sarthe) : Savigné-lès-le-Mans.
Yvré-l’Évêque (Sarthe) : Yvré-sur-l’Huisne.
Les zélateurs de la régénération nationale se repaissent également de l’héritage féodal de la France, des châteaux, des anciennes provinces et des titres de noblesse. Là encore les Saints en font amplement les frais :
Beaumont-le-Vicomte (Sarthe) devient Beaumont-sur-Sarthe.
Bourg-le-Roi (Sarthe) : Bourg-la-Loi.
Château-du-Loir (Sarthe) : Mont-du-Loir, Mont-sur-Loir ou Vau-du-Loir.
Château-Gontier (Mayenne) : Mont-Hardi (Château-Gontier est frappé d’indignité révolutionnaire à deux titres : Château parce qu’il évoque l’Ancien régime ; Gontier parce qu’il rappelle le nom du vassal du comte d’Anjou en l’an mil, fondateur du premier site fortifié).
La Ferté-Bernard (Sarthe) : La Ferté-les-Prés, La Ferté-sur-Huisne (Bernard était le nom des premiers seigneurs de la ville au XIe siècle).
Fresnay-le-Vicomte (Sarthe) : Fresnay-sur-Sarthe.
Moncé-en-Belin (Sarthe) : Moncé-lès-Le Mans.
Montfort-le-Rotrou (Sarthe) : Montfort-sur-Huisne (Les Rotrou étaient seigneurs de Nogent au Xe siècle, puis comte du Perche à partir du XIIe siècle).
Saint-Denis-d’Anjou (Mayenne) (voir ci-dessous)
Saint-Paul-le-Vicomte (Sarthe) : Paul-sur-Sarthe.
Sainte-Gemmes-le-Robert (Mayenne) : Mont-Rochard (du nom de la colline qui domine la ville au nord) ou Jouanne (du nom de la rivière qui traverse la commune).
Sillé-le-Guillaume (Sarthe) (du nom du bâtisseur de la première forteresse ; voir ci-dessous)
Non contents de sabrer les Saints et les Châteaux, les mêmes exaltés n’en oublient pas les valeurs à la mode en l’an II, l’Unité, l’Égalité et l’incontournable Montagne, du nom du parti de Danton, Marat et Robespierre :
Auvers-le-Hamon (Sarthe) devient Auvers-l’Union.
Saint-Denis-d’Anjou (Mayenne) : Bourg-la-Montagne, Bourg-la-Montagne-sur-Cogieux, Bourg-sur-Cogieux ou Mont-Vainqueur.
Saint-Georges-du-Plain (Sarthe) : L’Unité-sur-Sarthe.
Saint-Mars-de-la-Brière (Sarthe) : Brière-de-l’Égalité.
Saint-Pierre-la-Cour (Mayenne) : Bourg-l’Union.
Sillé-le-Guillaume (Sarthe) : Sillé-la-Montagne.
Premières visées, les mentions religieuses sont légions, en particulier les Saints :
La Chapelle-aux-Choux (Sarthe) devient Vallon-sur-Loir.
Parigné-l’Évêque (Sarthe) : Parigné-lès-le-Mans.
Saint-Berthevin-la-Tannière (Mayenne) : Centranne.
Saint-Calais (Sarthe) : Calais-sur-Anille.
Saint-Calez-en-Saonois (Sarthe) : Calez-en-Saonois.
Saint-Christophe-du-Luat (Mayenne) : Luat.
Saint-Cosme-de-Vair (Sarthe) : Montrecipe.
Saint-Denis-des-Coudrais (Sarthe) : Denis-des-Coudrais.
Saint-Georges-de-Dangeul (Sarthe) : Dangeul.
Saint-Germain-d’Arcé (Sarthe) : Arcé-sur-Fare.
Saint-Georges-sur-Erve (Mayenne) : Mauranne.
Saint-Germain-de-Coulamer (Mayenne) : Colimer.
Saint-Hilaire-des-Landes (Mayenne) : Landes-et-Landa.
Saint-Jean-sur-Mayenne (Mayenne) : Boisse.
Saint-Maixent (Sarthe) : Maixent-sur-Quenne.
Saint-Mars-sur-la-Futaie (Mayenne) : Mont-Mars.
Saint-Martin-de-Connée (Mayenne) : Connée.
Saint-Michel-de-Chavaigne (Sarthe) : Chavaigne-sur-Nogue.
Sainte-Cerotte (Sarthe) : Cerotte-en-Bel-Air.
Sainte-Colombe (Sarthe) : Montrouge.
Sainte-Croix (Sarthe) : Croix-Gazonfière.
Sainte-Osmane (Sarthe) : Osmane-la-Fontaine.
Sainte-Suzanne (Mayenne) : Mont-d’Erve (Du nom de la rivière, l'Erve, qui coule au pied du promontoire).
Savigné-l’Évêque (Sarthe) : Savigné-lès-le-Mans.
Yvré-l’Évêque (Sarthe) : Yvré-sur-l’Huisne.
Les zélateurs de la régénération nationale se repaissent également de l’héritage féodal de la France, des châteaux, des anciennes provinces et des titres de noblesse. Là encore les Saints en font amplement les frais :
Beaumont-le-Vicomte (Sarthe) devient Beaumont-sur-Sarthe.
Bourg-le-Roi (Sarthe) : Bourg-la-Loi.
Château-du-Loir (Sarthe) : Mont-du-Loir, Mont-sur-Loir ou Vau-du-Loir.
Château-Gontier (Mayenne) : Mont-Hardi (Château-Gontier est frappé d’indignité révolutionnaire à deux titres : Château parce qu’il évoque l’Ancien régime ; Gontier parce qu’il rappelle le nom du vassal du comte d’Anjou en l’an mil, fondateur du premier site fortifié).
La Ferté-Bernard (Sarthe) : La Ferté-les-Prés, La Ferté-sur-Huisne (Bernard était le nom des premiers seigneurs de la ville au XIe siècle).
Fresnay-le-Vicomte (Sarthe) : Fresnay-sur-Sarthe.
Moncé-en-Belin (Sarthe) : Moncé-lès-Le Mans.
Montfort-le-Rotrou (Sarthe) : Montfort-sur-Huisne (Les Rotrou étaient seigneurs de Nogent au Xe siècle, puis comte du Perche à partir du XIIe siècle).
Saint-Denis-d’Anjou (Mayenne) (voir ci-dessous)
Saint-Paul-le-Vicomte (Sarthe) : Paul-sur-Sarthe.
Sainte-Gemmes-le-Robert (Mayenne) : Mont-Rochard (du nom de la colline qui domine la ville au nord) ou Jouanne (du nom de la rivière qui traverse la commune).
Sillé-le-Guillaume (Sarthe) (du nom du bâtisseur de la première forteresse ; voir ci-dessous)
Non contents de sabrer les Saints et les Châteaux, les mêmes exaltés n’en oublient pas les valeurs à la mode en l’an II, l’Unité, l’Égalité et l’incontournable Montagne, du nom du parti de Danton, Marat et Robespierre :
Auvers-le-Hamon (Sarthe) devient Auvers-l’Union.
Saint-Denis-d’Anjou (Mayenne) : Bourg-la-Montagne, Bourg-la-Montagne-sur-Cogieux, Bourg-sur-Cogieux ou Mont-Vainqueur.
Saint-Georges-du-Plain (Sarthe) : L’Unité-sur-Sarthe.
Saint-Mars-de-la-Brière (Sarthe) : Brière-de-l’Égalité.
Saint-Pierre-la-Cour (Mayenne) : Bourg-l’Union.
Sillé-le-Guillaume (Sarthe) : Sillé-la-Montagne.
On trouve enfin quelques fantaisies dans cette liste, de ces noms « à l’antique » dont les révolutionnaires eux-mêmes aimaient à s’affubler et qu’ils substituèrent aux Saints qui les irritaient :
Saint-Aignan (Sarthe) devient Scevola-Aignan.
Saint-Martin-de-Montsurs (Mayenne) : Hercule-Montsurs.
Ces toponymes connurent leur heure de gloire sous la Terreur, essentiellement dans les cercles officiels. Le langage courant n’en fit par contre jamais usage et ne tarda pas à reléguer ces excentricités jacobines dans les inepties de l’Histoire.
La liste des communes ainsi défigurées par la folie révolutionnaire est bien longue. On peut la consulter sur le site de Geneawiki et la retrouver en intégralité dans le livre de Figuières : Les noms révolutionnaires des communes de France.
Saint-Aignan (Sarthe) devient Scevola-Aignan.
Saint-Martin-de-Montsurs (Mayenne) : Hercule-Montsurs.
Ces toponymes connurent leur heure de gloire sous la Terreur, essentiellement dans les cercles officiels. Le langage courant n’en fit par contre jamais usage et ne tarda pas à reléguer ces excentricités jacobines dans les inepties de l’Histoire.
La liste des communes ainsi défigurées par la folie révolutionnaire est bien longue. On peut la consulter sur le site de Geneawiki et la retrouver en intégralité dans le livre de Figuières : Les noms révolutionnaires des communes de France.