Les rues de Cholet en 1794 (extrait de l'Histoire de la Vendée Militaire, par J. Crétineau-Joly, t. II, p. 383)
Malgré tous leurs efforts et l’ampleur de leurs attaques, les soldats des Colonnes infernales ne parvenaient pas toujours à surprendre les habitants des bourgs et des villages qu’ils avaient pour ordre d’exterminer. Depuis les premiers massacres, en effet, chacun restait sur ses gardes, et courait à la première alerte se terrer au fond des bois ou dans les champ de genêts. Cela contrariait beaucoup les Bleus de ne trouver que des maisons désertées lorsqu’ils surgissaient au milieu d’un hameau. Le feu ne pouvait seul remplir leur mission.
Pour pister les réfugiés, des lieutenants de Turreau trouvèrent judicieux de recourir à des meutes de chiens dressés à ce genre de chasse. Madame de Sapinaud en mentionne le fait dans ses Mémoires (pp. 89-91). L’anecdote eut lieu le 5 mars 1794, dans l’après-midi. Les soldats de Huché s’étant assurés qu’ils ne rencontreraient aucune résistance, se présentèrent à Saint-Laurent-sur-Sèvre. « On entendit des chiens que les Bleus envoyaient en avant ; car ils avaient une douzaine de chiens qu’ils amenaient ordinairement avec eux, quand ils allaient à quelque distance de Mortagne. Ces chiens rôdaient de tous côtés, et découvraient ceux qui y étaient cachés. » La mémorialiste raconte ensuite l’effroi qu’elle ressentit, recluse dans une petite chambre qui avait échappé à l’incendie, tandis que les Bleus pillaient les maisons…
L’expérience dut porter ses fruits, car les soldats eurent à nouveau recours à ces chiens pour mener la chasse aux réfractaires, cette fois lors de la guerre de 1832. « On apprit à ces dogues à se jeter sur les paysans, à les terrasser et à les dévorer au besoin, rapporte l’historien Jacques Crétineau-Joly (t. IV, p. 495). On contraignit leur naturel déjà enclin à la cruauté à devenir féroce ; on leur fit subir de longs jours de diète, puis on les envoya battre les campagnes. » Et de citer l’exemple d’un certain Proust, réfractaire du canton de Machecoul, ainsi massacré. « Cette chasse se renouvela souvent, ajoute le même auteur, et, à la honte de l’humanité, il ne s’éleva pas dans les pouvoirs de l’Etat une voix pour protester contre ces attentats. »
L’expérience dut porter ses fruits, car les soldats eurent à nouveau recours à ces chiens pour mener la chasse aux réfractaires, cette fois lors de la guerre de 1832. « On apprit à ces dogues à se jeter sur les paysans, à les terrasser et à les dévorer au besoin, rapporte l’historien Jacques Crétineau-Joly (t. IV, p. 495). On contraignit leur naturel déjà enclin à la cruauté à devenir féroce ; on leur fit subir de longs jours de diète, puis on les envoya battre les campagnes. » Et de citer l’exemple d’un certain Proust, réfractaire du canton de Machecoul, ainsi massacré. « Cette chasse se renouvela souvent, ajoute le même auteur, et, à la honte de l’humanité, il ne s’éleva pas dans les pouvoirs de l’Etat une voix pour protester contre ces attentats. »