Patrick Proust « Le joueur de Veuze » des Brigands du Bocage redonnent vie à la musique de nos Pères
Peut-être parce que ce conflit concentre en lui toute la charge d'héroïsme et de tragédie mêlés, ce qui vous en conviendrez, favorise indéniablement l'impact et le succès de ces chansons. Et en parlant de registres, et bien nous allons voir à présent que depuis presque 220 ans, ces chansons ont abordé quasiment toute la palette des registres possibles et imaginables, du tragique à l'épique, en passant par le dramatique, le laudatif, le lyrique...
Le sujet est tellement vaste que nous ne pouvons le traiter de manière exaustive. Néanmoins, pour aborder efficacement ce thème, il convient de distinguer au préalable les chansons datant de la guerre de Vendée (ou des années juste après), de celles qui traitent de ce sujet, et qui ont été composées postérieurement aux évènements, lors du XXe siècle principalement...
Le sujet est tellement vaste que nous ne pouvons le traiter de manière exaustive. Néanmoins, pour aborder efficacement ce thème, il convient de distinguer au préalable les chansons datant de la guerre de Vendée (ou des années juste après), de celles qui traitent de ce sujet, et qui ont été composées postérieurement aux évènements, lors du XXe siècle principalement...
1) Les chansons datant de la guerre de Vendée ou de son époque proche...
Monsieur Henri
Ce qui domine dans cette catégorie, ce sont les chansons qui traitent des grands héros vendéens de cette guerre, et des chefs plus particulièrement... Certains airs qui leurs sont consacrés restent dans l'Histoire, tout comme les faits d'armes qui leur sont généralement associés.
Les auteurs de ces mélodies ne sont pas toujours identifiés, mais ne faudrait-il pas voir, dans cet anonymat le plus complet, la reconnaissance de tout un peuple pour ceux qui l'on guidé tout au long des combats ? Prenons par exemple pour objet d'étude deux chansons contemporaines des évènements, qui forgent la légende d'une des grandes figures du soulèvement vendéen : Henri de La Rochejaquelein, surnommé L'intrépide ou bien encore L'Achille de la Vendée...
Les auteurs de ces mélodies ne sont pas toujours identifiés, mais ne faudrait-il pas voir, dans cet anonymat le plus complet, la reconnaissance de tout un peuple pour ceux qui l'on guidé tout au long des combats ? Prenons par exemple pour objet d'étude deux chansons contemporaines des évènements, qui forgent la légende d'une des grandes figures du soulèvement vendéen : Henri de La Rochejaquelein, surnommé L'intrépide ou bien encore L'Achille de la Vendée...
— La chanson “Monsieur Henri” mêle le registre épique et laudatif, mettant en scène à la fois ce grand héros aux boucles blondes, mais aussi un de ses exploits qui l'a rendu célèbre, lors de la bataille de Thouars notamment (Mai 1793), où il jetta son chapeau derrière les retranchements ennemis en demandant : “Qui va ma le chercher ?”
— « Debout, au pied des murs, commence la chanson, la figure inquiète, il sent les Vendéens faiblir de toutes parts. Lors, prenant son chapeau, dans l'espace il le jette : Qui va me le ramasser par-delà les remparts »
— Ce premier couplet, très descriptif, se focalise sur un geste précis, à un moment où, celui que tous ont fini par appeler respectueusement « Mr. Henri », n'était pas encore généralissime. Ces quelques phrases initiales doivent normalement être plus parlées, récitées que chantées (la mélodie ne vient qu'après), comme pour ajouter de l'importance et de la solennité à ce geste, face à la gravité de la situation.
— Une autre chanson consacrée à « l'Intrépide » Henri de La Rochejaquelein : il s'agit de la « chanson de Mr. Henri », destinée à être chantée en coeur, comme une marche militaire de campagne. Cette chanson, elle-aussi, mêle l'épique, l'héroïque, et donne une image sublimée de ce jeune homme :
— « Sous l'effort de la tempête, quand tous ont courbé leurs fronts (bis), seul debout dressant la tête, je vous vois fiers compagnons. Vendéens, marchons au feu sans effroi, mourons pour Dieu, pour le Roi, marchons au feu sans effroi, vive le Roi, vive Dieu, vive Dieu, vive le Roi »
— La force de cette chanson tient dans le fait qu'elle n'est plus seulement descriptive, mais qu' elle donne à la parole à Mr. Henri, qui s'exprime ici à la première personne : « Je vous vois ». Cette force évocatrice, cette force des images réside aussi dans le contraste qui s'opère entre Henri et ses hommes / L'individu et le groupe, comme en témoigne l'alternance des pronoms personnels «je»/«vous», pour se transformer en un «nous» final, indice de la symbiose du chef avec ses hommes. Sans oublier bien sûr les allusions omni-présentes à la Cause pour laquelle tous se battent : « Pour Dieu, pour le Roi ».
— « Debout, au pied des murs, commence la chanson, la figure inquiète, il sent les Vendéens faiblir de toutes parts. Lors, prenant son chapeau, dans l'espace il le jette : Qui va me le ramasser par-delà les remparts »
— Ce premier couplet, très descriptif, se focalise sur un geste précis, à un moment où, celui que tous ont fini par appeler respectueusement « Mr. Henri », n'était pas encore généralissime. Ces quelques phrases initiales doivent normalement être plus parlées, récitées que chantées (la mélodie ne vient qu'après), comme pour ajouter de l'importance et de la solennité à ce geste, face à la gravité de la situation.
— Une autre chanson consacrée à « l'Intrépide » Henri de La Rochejaquelein : il s'agit de la « chanson de Mr. Henri », destinée à être chantée en coeur, comme une marche militaire de campagne. Cette chanson, elle-aussi, mêle l'épique, l'héroïque, et donne une image sublimée de ce jeune homme :
— « Sous l'effort de la tempête, quand tous ont courbé leurs fronts (bis), seul debout dressant la tête, je vous vois fiers compagnons. Vendéens, marchons au feu sans effroi, mourons pour Dieu, pour le Roi, marchons au feu sans effroi, vive le Roi, vive Dieu, vive Dieu, vive le Roi »
— La force de cette chanson tient dans le fait qu'elle n'est plus seulement descriptive, mais qu' elle donne à la parole à Mr. Henri, qui s'exprime ici à la première personne : « Je vous vois ». Cette force évocatrice, cette force des images réside aussi dans le contraste qui s'opère entre Henri et ses hommes / L'individu et le groupe, comme en témoigne l'alternance des pronoms personnels «je»/«vous», pour se transformer en un «nous» final, indice de la symbiose du chef avec ses hommes. Sans oublier bien sûr les allusions omni-présentes à la Cause pour laquelle tous se battent : « Pour Dieu, pour le Roi ».
Les autres héros ce cette guerre ne sont pas oubliés pour autant. Beaucoup d'armées vendéennes avaient leurs propres chansons, comme par exemple celle de l'armée de Charette, qui fut reprise de nombreuses fois par la suite :
« Admirons la vaillance de Charette, homm' de coeur, il est né pour la France, il fait voir sa valeur. Regardez cette armée, rien de plus beau : il a palme et lauriers dans les drapeaux ...»
Cet air, tout à la gloire de Charette, est rythmé par le son des veuzes et du violon , qui apporte une touche de folklore à cette chanson qui ne contient pas moins de vingt-cinq couplets. Certains mettent en avant les lieutenants du roi de la Vendée : Couëtus, Guérin le jeune, Savin, La Robrie... Personne n'est oublié. L'apparition progressive de tous ces noms au fil des couplets marque une certaine unité autour de ce chef charismatique. Bien que chacun d'eux combat sur un secteur bien défini (« Joly commande en maître dans les champs de Legé » / « Dans le pays de Retz [...] Guérin »), tous n'en demeurent pas moins unis face à la Cause à défendre.
Charette est présenté comme un homme providentiel, un sauveur, un défenseur de la religion (« Combien de chrétiens qui n'existeroient plus si Charette, pacifique, avait perdu la vie ! »), acclamé et adulé par tous : « Cet ami du monarque, il a bien du renom, il a fait un grand'obstacle a toute la Nation. Jusqu'en Angleterre on l'applaudit ; aussi sur les frontières, même en Paris ».
Détail original, l'auteur de ces couplets n'oublie pas de signaler sa présence en toute fin de chanson : « Qui a fait cette chansonnette ? C'est un jeune officier de la première compagnie ».
« Admirons la vaillance de Charette, homm' de coeur, il est né pour la France, il fait voir sa valeur. Regardez cette armée, rien de plus beau : il a palme et lauriers dans les drapeaux ...»
Cet air, tout à la gloire de Charette, est rythmé par le son des veuzes et du violon , qui apporte une touche de folklore à cette chanson qui ne contient pas moins de vingt-cinq couplets. Certains mettent en avant les lieutenants du roi de la Vendée : Couëtus, Guérin le jeune, Savin, La Robrie... Personne n'est oublié. L'apparition progressive de tous ces noms au fil des couplets marque une certaine unité autour de ce chef charismatique. Bien que chacun d'eux combat sur un secteur bien défini (« Joly commande en maître dans les champs de Legé » / « Dans le pays de Retz [...] Guérin »), tous n'en demeurent pas moins unis face à la Cause à défendre.
Charette est présenté comme un homme providentiel, un sauveur, un défenseur de la religion (« Combien de chrétiens qui n'existeroient plus si Charette, pacifique, avait perdu la vie ! »), acclamé et adulé par tous : « Cet ami du monarque, il a bien du renom, il a fait un grand'obstacle a toute la Nation. Jusqu'en Angleterre on l'applaudit ; aussi sur les frontières, même en Paris ».
Détail original, l'auteur de ces couplets n'oublie pas de signaler sa présence en toute fin de chanson : « Qui a fait cette chansonnette ? C'est un jeune officier de la première compagnie ».
Enfin, il serait dommage de conclure cette partie sans mentionner LA chanson qui, en plus de dater du début de l'année 1793, a joué un rôle considérable dans le déroulement de la guerre de Vendée, c'est la fameuse Marseillaise royaliste. Cette chanson a indéniablement influé sur l'évolution de la guerre de Vendée :
Le 19 Mars 1793, afin d'étouffer le foyer de la révolte dans l'ouest de la France, la Convention envoie des troupes de La Rochelle vers Nantes, sous le commandement du général Marcé. Au Pont-Charrault, près de Saint-Vincent Sterlanges, les soldats bleus entendent un air patriotique connu de tous : la Marseillaise. Ils étaient loin d'imaginer que cette mélodie provenait en fait de la bouche des insurgés, qui avaient, pour attirer les Bleus dans une embuscade, légèrement modifié les paroles pour l'occasion :
« Allons les armées catholiques, le jour de gloire est arrivé, contre nous de la République...»
Grâce à cette ruse de guerre, cette marseillaise royaliste signa la déroute monumentale des armées de la République, qui tombèrent dans ce piège exprès tendu pour elles. Ce cuisant revers, qui eut lieu en plein département de la Vendée, fit dès lors attribuer le nom de “Vendéens” aux insurgés du sud de la Loire, bien que la rebéllion s'étende en vérité sur quatre départements.
La chanson peut donc aussi, parfois, venir en soutien de la stratégie militaire.
Le 19 Mars 1793, afin d'étouffer le foyer de la révolte dans l'ouest de la France, la Convention envoie des troupes de La Rochelle vers Nantes, sous le commandement du général Marcé. Au Pont-Charrault, près de Saint-Vincent Sterlanges, les soldats bleus entendent un air patriotique connu de tous : la Marseillaise. Ils étaient loin d'imaginer que cette mélodie provenait en fait de la bouche des insurgés, qui avaient, pour attirer les Bleus dans une embuscade, légèrement modifié les paroles pour l'occasion :
« Allons les armées catholiques, le jour de gloire est arrivé, contre nous de la République...»
Grâce à cette ruse de guerre, cette marseillaise royaliste signa la déroute monumentale des armées de la République, qui tombèrent dans ce piège exprès tendu pour elles. Ce cuisant revers, qui eut lieu en plein département de la Vendée, fit dès lors attribuer le nom de “Vendéens” aux insurgés du sud de la Loire, bien que la rebéllion s'étende en vérité sur quatre départements.
La chanson peut donc aussi, parfois, venir en soutien de la stratégie militaire.
Conclusion
Jean Brochard aux côté de Patrick Proust.
Ces quelques chansons prises au hasard révèlent de manière assez significative le contexte dans lequel elles s'inscrivent : la Grand'Guerre de 1793. Contemporaines de ces évènements, elles dégagent une ambiance, un état d'esprit particulier. Le rythme et la musicalité de ces paroles replongent celui qui les écoute aujourd'hui au coeur de l'une des pages les plus sombres de l'histoire vendéenne et française.
Ces évènements fédérateurs inspirèrent, dans la seconde moitié du Xxe siècle notamment, toute une pléïade d'artistes qui composèrent autour de ce thème, avec des paroles et des mélodies bien différentes certes, mais qui éclairent d' un regard moderne cette «guerre de Géants» (expression de Bonaparte).
Cela constituera le second volet de notre étude.
Amaury GUITARD
Ces évènements fédérateurs inspirèrent, dans la seconde moitié du Xxe siècle notamment, toute une pléïade d'artistes qui composèrent autour de ce thème, avec des paroles et des mélodies bien différentes certes, mais qui éclairent d' un regard moderne cette «guerre de Géants» (expression de Bonaparte).
Cela constituera le second volet de notre étude.
Amaury GUITARD
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Texte de la chanson de Monsieur Henri
Chanson de M. Henri
1
Sous l'effort de la tempête
Quand tous ont courbé leurs fronts (bis)
Seuls debout dressant la tête
Je vous vois, frères compagnons.
Vendéens ! marchons au feu sans effroi.
Mourons pour Dieu pour le Roi !
Marchons au feu sans effroi, vive le Roi !
Vive Dieu, vive Dieu, vive le Roi !
2
En partant pour la Croisade
J'avais dis moi faible enfant,(bis)
Je serai leur camarade
Vous m'avez fait commandant.
Vendéens, etc
3
S'il était là mon vieux père Saurait mieux vous commander
Le ciel m'enverra j'espère
Son ombre pour me guider
Vendéens, etc
4
Si je fonce à la bataille
Suivez mon panache blanc (bis)
Si j'ai peur de la mitraille
Sabrez votre chef tremblant.
Vendéens, etc
5
Si le plomb d'un vil rebelle
Frappe un jour mon front meurtri (bis)
Amis, qu'une main fidèle
Venge le trépas d'Henri.
Vendéens, etc
1
Sous l'effort de la tempête
Quand tous ont courbé leurs fronts (bis)
Seuls debout dressant la tête
Je vous vois, frères compagnons.
Vendéens ! marchons au feu sans effroi.
Mourons pour Dieu pour le Roi !
Marchons au feu sans effroi, vive le Roi !
Vive Dieu, vive Dieu, vive le Roi !
2
En partant pour la Croisade
J'avais dis moi faible enfant,(bis)
Je serai leur camarade
Vous m'avez fait commandant.
Vendéens, etc
3
S'il était là mon vieux père Saurait mieux vous commander
Le ciel m'enverra j'espère
Son ombre pour me guider
Vendéens, etc
4
Si je fonce à la bataille
Suivez mon panache blanc (bis)
Si j'ai peur de la mitraille
Sabrez votre chef tremblant.
Vendéens, etc
5
Si le plomb d'un vil rebelle
Frappe un jour mon front meurtri (bis)
Amis, qu'une main fidèle
Venge le trépas d'Henri.
Vendéens, etc