DECRETS DE LA CONGREGATION POUR LES CAUSES DES SAINTS
Bureau de Presse du Saint-Siège
« jeudi 20 décembre 2012
DECRETS DE LA CONGREGATION POUR LES CAUSES DES SAINTS
Cité du Vatican, 20 décembre 2012 (VIS). Le Saint-Père a reçu ce matin en audience le Cardinal Angelo Amato, SDB, Préfet de la Congrégation pour les causes des saints, au cours de laquelle il a autorisé la promulgation des décrets suivants: …de Louis-Marie Baudouin, prêtre français (1765 - 1835).
DECRETS DE LA CONGREGATION POUR LES CAUSES DES SAINTS
Cité du Vatican, 20 décembre 2012 (VIS). Le Saint-Père a reçu ce matin en audience le Cardinal Angelo Amato, SDB, Préfet de la Congrégation pour les causes des saints, au cours de laquelle il a autorisé la promulgation des décrets suivants: …de Louis-Marie Baudouin, prêtre français (1765 - 1835).
Petite biographie
Le Père Louis-Marie Baudoin
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Prêtre du diocèse de Luçon, insermenté et émigré en Espagne pendant la Révolution, Louis-Marie Baudouin rentre clandestinement aux Sables d’Olonne en 1797.
Curé de Chavagnes-en-Paillers en 1801, il y fonde un séminaire et, avec la Mère Saint-Benoît, la congrégation des Filles du Verbe Incarné. Le séminaire fut transféré à La Rochelle en 1812, et l’abbé Baudouin en resta le supérieur en devenant le vicaire général de Mgr Paillou, et ce jusqu’à ce que la restauration de l’évêché de Luçon ne l’ éloigne définitivement de La Rochelle en 1821.
Pendant ses années rochelaises, l’abbé Baudouin fut encore l’instigateur et le conseiller des missionnaires de Saintonge, à une époque où toute la vie chrétienne était à reconstruire dans les campagnes charentaises. Celui qui disait au soir de sa vie : "Je n’ai rien de plus que le Bon Larron, et il est en Paradis comme un innocent par la grâce de Jésus. Dieu soit béni !", est aussi le fondateur des Fils de Marie Immaculée. Sa cause de béatification a été introduite en 1871.
source
Curé de Chavagnes-en-Paillers en 1801, il y fonde un séminaire et, avec la Mère Saint-Benoît, la congrégation des Filles du Verbe Incarné. Le séminaire fut transféré à La Rochelle en 1812, et l’abbé Baudouin en resta le supérieur en devenant le vicaire général de Mgr Paillou, et ce jusqu’à ce que la restauration de l’évêché de Luçon ne l’ éloigne définitivement de La Rochelle en 1821.
Pendant ses années rochelaises, l’abbé Baudouin fut encore l’instigateur et le conseiller des missionnaires de Saintonge, à une époque où toute la vie chrétienne était à reconstruire dans les campagnes charentaises. Celui qui disait au soir de sa vie : "Je n’ai rien de plus que le Bon Larron, et il est en Paradis comme un innocent par la grâce de Jésus. Dieu soit béni !", est aussi le fondateur des Fils de Marie Immaculée. Sa cause de béatification a été introduite en 1871.
source
Notice extraite de : Le Clergé vendéen victime de la Révolution par A. Baraud, 1905, tome II, p. 42 à 49.
LE VENERABLE LOUIS-MARIE BAUDOUIN
FONDATEUR DES ENFANTS DE MARIE-IMMACULEE ET DES URSULINES DE JESUS DE CHAVAGNES
1765-1835 Louis-Marie BAUDOUIN, le huitième et dernier enfant d'une famille pauvre mais vertueuse, naquit et fut baptisé à Montaigu, le 2 août 1765. Il était encore au berceau quand la mort lui ravit son père. Sa mère, femme d'un jugement et d'une piété remarquables, sut préparer dans cet enfant, par une très chrétienne éducation, celui dont "la vie fut le modèle des prêtres, et la mort celle des Saints." Elle réprima de bonne heure la vivacité naturelle de Louis-Marie, lui inspira une tendre dévotion pour la Très Sainte-Vierge, et forma en lui cette volonté énergique qui s'élèvera plus tard à l'héroïsme des vertus. Offrant des marques sérieuses de vocation ecclésiastique, Louis-Marie commença ses études de latin au collège de Montaigu ; il les poursuivit auprès de son frère, Pierre-Martin, vicaire alors à Chantonnay, puis curé d'Angles ; et il entra au séminaire de Luçon, pour y faire deux ans de philosophie et cinq ans de théologie. Le jeune séminariste eut bien vite conquis l'estime des maîtres et des élèves. Les uns et les autres ont rendu de lui de beaux témoignages. "Si d'autres l'égalent pour le talent, nul ne le surpasse pour la rectitude du jugement", affirmait M. Brumaud de Beauregarcl alors vicaire général. Un laïque distingué, avocat à Fontenay le-Comte, M. Charles Bréchard, condisciple du jeune Baudouin, disait de lui : "Le pieux élève avait su prendre sur moi et sur ses aucondisciples, un ascendant dont nous ne pouvions nous défendre bien qu’il fut plus jeune que nous. Si nous n’avions pas le courage d’imiter sa vertu, il nous était impossible de ne pas l'admirer." — "Il a toujours été un saint," écrivait M. Pitaud, mort archiprêtre de Fontcnay. Cependant la vertu du séminariste était le fruit de ses sacrifices. Car si le P. Baudouin a retracé dans sa vie la douceur et l'amabilité de S. François de Sales, il faut avouer qu'il eut besoin, lui aussi, de dompter la fougue d'une nature emportée. "Son tempérament était bilieux et sanguin, a déclaré son ami M. Fleurisson ; au séminaire j'étais témoin des efforts continuels qu'il faisait pour soumettre ses passions et pour vaincre son caractère irascible." M. Baudouin fut ordonné prêtre à Saint-Malo, le 19 septembre 1789. La Providence lui ménagea la consolation de célébrer sa première messe dans l'église même où il avait été baptisé à Montaigu, vingtquatre ans auparavant. Bientôt après, nous retrouvons le nouveau prêtre à Luçon, appelé près de son frère, M. Pierre-Martin, pour remplir les fonctions de vicaire et celles d'aumônier de l'hôpital. C'est là qu'il rencontra, pour la première fois, M. l'abbé Lebédesque, un ecclésiastique de grand mérite, qui deviendra son meilleur ami et son premier frère en religion. Et c'est là aussi qu'il déployait l'activité de son zèle, quand parut le décret qui obligeait les prêtres au serment de fidélité à la constitution civile du Clergé (27 nov. 1790). L'abbé Baudouin, comme son frère, n'hésite pas un instant: il refuse de prêter serment et il accompagne son refus de la protestation la plus énergique. Peu de temps après, l'ambitieux Rodrigue, curé de Fougère, nommé évêque constitutionnel de la Vendée, entrait à Luçon, "le fusil sur l'épaule, au son du tambour, entouré d'une double haie de gardes nationaux sous les armes." L'abbé L.-M. Baudouin lui fit parvenir un billet où il avait écrit ces trois mots adressés par Jésus au traître Judas : "Ad quid venisti ?" (Pourquoi êtes-vous venu ?) L'évêque en prit lecture et il continua sa marche vers la cathédrale. M. Baudouin lui envoya un second billet sur lequel Rodrigue lut ces autres paroles de Notre Seigneur. "Judas, osculo Filium Hominis tradis" (Judas, vous trahissez le Fils de l'homme par un baiser). L'apostat n'en consomma pas moins son intrusion sacrilège. Fuyant toute communication avec l'évêque intrus, le courageux vicaire reste à son poste et y exerce en secret les fonctions du saint ministère. Mais, un jour, il se trouve au lit d'un malade en même temps que Rodrigue. A la vue de l'apostat, le zèle du vrai pasteur ne peut se contenir. "Vous n'avez aucun pouvoir, s'écrie-t-il avec une grande fermeté; vous ne pouvez pas sans sacrilège, administrer les sacrements, et il ne sera pas dit que vous les aurez profanés en ma présence." Atterré, la rougeur au front, la rage au cœur, l'intrus s'éloigna. Mais quelques heures après, l'abbé Baudouin était arrêté, emmené à Fontenay-le-Comte et jeté en prison. Il y fut retenu sept mois.
Par un décret du 26 août 1792, l'Assemblée législative condamna à la déportation tous les prêtres non assermentés. L'abbé Louis-Marie Baudouin voulait rester en France pour être utile aux âmes, même au péril de sa vie; il dut céder aux instances du curé de Luçon qui lui répétait : "Mon frère, défions-nous de notre faiblesse. Suivons le conseil du divin Maître : on nous persécute dans une ville, fuyons dans une autre." Ils s'embarquèrent aux Sables-d'Olonne et firent voile pour l'Espagne, où ils comptaient séjourner quelques mois. Leur exil y dura cinq ans. * * * M. L.-M. Baudouin alla se fixer à Tolède, avec son frère, avec M. Lebédesque et plusieurs autres ecclésiastiques français. L'archevêque de cette ville, le cardinal Lorenzena, leur ouvrit sa riche bibliothèque. Avantage précieux : nul n'en profita mieux que notre jeune proscrit pour unir à la prière l'étude de la Théologie, de l'Ecriture Sainte surtout et des Pères. Avec l'ascendant qu'exercé la vertu, il forma autour de lui un groupe d'amis d'élite dont il encouragea les travaux et stimula la piété. Un jour il leur manifesta son intention d'établir, sous le nom de Société de Marie, une association de prêtres religieux qui auraient pour but l'enseignement et les missions. Cette idée fut accueillie avec joie ; et l'on entreprit dés lors de la réaliser. Mais ce ne fut qu'un essai. Ce projet, né de la grâce et du désir de réparer le mal fait par l'impiété révolutionnaire, fut le germe de la congrégation des Pères de Chavagnes, qui, après avoir continué en Vendée l'œuvre du Vénérable Louis-Marie Baudouin, viennent de s'exiler à leur tour jusqu'aux temps meilleurs où ils reviendront en leur pays relever d'autres ruines et prolonger encore les bienfaits de leur saint Fondateur. Outre les peines inséparables de l'exil, l'abbé Baudouin y avait eu la douleur de voir son frère y mourir entre ses bras. On était au mois d'août 1797 ; l'anarchie régnait encore en France. Il résolut d'y rentrer sans plus de retard. Le 25 août il arrivait aux Sables, avec son intime ami M. Lebédesque. Il y vivra trois ans, caché chez les demoiselles Guinemand et exposé sans cesse à mille dangers, au milieu de scènes renouvelées des Catacombes ; à la faveur des nuits il confesse et dit la messe ; il assemble les fidèles et prépare des premières communions ; quelquefois il est surpris par les révolutionnaires, il n'a que le temps de saisir le tabernacle entre ses bras et de s'enfermer dans sa cachette pratiqué dans une armoire. Durant ces trois années qu'il passa en ce réduit obscur, entre la Bible et le Tabernacle, près de Jésus prisonnier avec lui, le saint prêtre reçut des grâces extraordinaires. M. Fleurisson, qui fut son confesseur pendant plus de vingt ans, l'a déclaré en ces termes : "Le cher Père m'a fait l'aveu des visions qu'il avait eues dans sa cache, tandis qu'il priait devant le Saint Sacrement. C'est dans ce divin tête-à-tête avec le sauveur des âmes qu'il a été inspiré de former ces grandes entreprises qui ont amené comme une renaissance de la religion dans nos contrées." C'est là qu'il écrivit les régies de la Société des Enfants de Marie, dont les deux premiers membres, lui et M. Lebédesque, firent les trois vœux aux Sables le 31 janvier 1800. C'est là qu'il étudia et mûrit son projet d'établir l'admirable Institut des Ursulines de Jésus, avec l'aide de Mme Saint Benoît que la Révolution avait chassée de son couvent de la Rochelle et qui vivait aux Sables retirée chez une de ses sœurs, Mme de Lange de la Bouchardière. C'est là qu'il écrivit, signa et fit signer aux fidèles sa profession de foi "à la gloire de l'ImmaculéeConception de la B. Vierge Marie", dont il a propagé la dévotion dans les deux grands diocèses de Luçon et de la Rochelle. Cependant Napoléon a rendu la liberté à l'Eglise de France (1800). Aussitôt le P. Baudouin se montre en public. Puis il se porte dans un milieu complètement privé de prêtres. C'est à la Jonchère qu'il établit le centre de son ministère apostolique. De là son zèle embrasse jusqu'à dix-sept paroisses. S'il y a tout à faire : baptêmes, mariages, premières communions, confessions, visites des malades, l'ardent ouvrier ne recule devant rien : il va quelquefois avec un courage héroïque, échappant comme par miracle à la haine de quelques révolutionnaires irrités du retour de la paix religieuse. Nommé curé de Chavagnes, le 31 juillet 1801, M. Baudouin commence par mettre en œuvre tout ce qui peut renouveler sa paroisse : mission, plantation de croix, retraites, visites des paroissiens, sermons d'un genre simple, mais nourris de la Sainte-Ecriture et pleins d'une onction irrésistible. Bientôt il fonde et des écoles, et sa congrégation de sœurs et un petit Séminaire. Aussi l'évêque, M gr Demandolx, fut-il au comble de la joie, lorsque, trois ans plus tard, visitant la paroisse de Chavagnes (1804), il vit venir à sa rencontre le digne curé avec ses enfants des écoles, avec ses Sœurs, avec ses séminaristes...
Il fit une ordination, nomma M. Baudouin supérieur du séminaire, supérieur de la Communauté religieuse, et l'autorisa à recevoir canoniquement les vœux de Religion. Six mois après, le nouvel évêque de la Rochelle, Mgr Paillou confirma ces nominations et l'institution canonique des sœurs; et dès 1805 vingt-cinq jeunes gens recevaient de ses .mains dans l'église de Chavagnes la tonsure et les Ordres Mineurs. A la même époque, Portalis, ministre des Cultes, dans un rapport présenté à Napoléon, disait du P. Baudoin : "Ce prêtre vertueux a établi en sa paroisse de Chavagnes, au diocèse de Luçon, le premier séminaire qui ait existé en France après la Révolution." En 1812, par suite d'ordres émanés du Gouvernement, les élèves de Chavagnes furent transférés, les uns à la Rochelle pour y former le Grand Séminaire, et les autres à Saint-Jean-d'Angély. Alors M. Baudouin dut céder aux désirs de Mgr Paillou, et quitter Chavagnes, pour aller à la Rochelle remplir les fonctions de Supérieur du Grand-Séminaire, Il les remplit jusqu'en 1821, avec ces rares qualités qui firent de lui un maître dans l'art de conduire la jeunesse, de discerner les vocations, de former les caractères, d'inculquer aux âmes la pureté de la foi non moins que les suavités d'une dévotion heureusement opposée aux rigueurs du jansénisme. C'est par là que le P. Baudouin a laissé son empreinte et son vivant souvenir dans le clergé du diocèse de la Rochelle. Eh ! comment n'y retrouverait-on pas encore les traces de l'étonnante activité de cet homme de Dieu, qui fut à la fois supérieur du Grand-Séminaire, vicaire général, supérieur de trois congrégations religieuses, protecteur du Petit-Séminaire de Saint-Jean-d'Angèly, fondateur et Directeur des Missionnaires de la Saintonge, en attendant de fonder, sur l'ordre de Mgr Paillou, un collège ecclésiastique à Luçon et de relever une école cléricale sur les ruines du Séminaire de Chavagnes ? Et nous passons sous silence ses nombreuses lettres spirituelles, dignes de figurer à côté de celles de Saint-François de Sales ! * * * En 1821, lorsque le diocèse de Luçon fut séparé de celui de la Rochelle, M. Baudouin fut nommé vicaire général de Mgr Soyer et supérieur du Grand-Séminaire. A Luçon, il se dévoue à former les jeunes clercs à la science et aux vertus sacerdotales avec une affection, une sagesse et une prudence consommées. Puis, ses forces trahissent son courage : en 1825, il se retire chez son neveu, curé de Luçon. Enfin il va se fixer définitivement à Chavagnes en 1828. La Providence voulait que les derniers soins du bon Père fussent entièrement consacrés à ses deux familles religieuses de Chavagnes. Avec l'approbation formelle de Mgr Soyer, il rétablit au Séminaire sa Congrégation des prêtres Enfants de Marie, et les dirigea durant cinq années dans les voies de la perfection, avant de les confier au P. Baizé, son fils de prédilection. Quant à l'Institut des Sœurs, il le laissera en mourant dans un état de prospérité, avec plus de trente établissements et près de quatre cents religieuses. Après de longues et cruelles souffrances endurées avec une patience admirable, le P. Baudouin s'éteignit doucement à Chavagnes le jeudi 12 février 1838, à l'âge de soixante-dix ans. L'évêque de Luçon lui rendit ce juste tribut d'hommages : "C'est à son zèle ardent et éclairé que nous sommes redevables de nombreux et vertueux prêtres qui font la consolation de notre épiscopat, puisque c'est lui qui, sans autres ressources que celles que donne une foi vive dans la divine Providence, osa le premier, dans des jours orageux, concevoir et exécuter la grande et magnifique pensée d'un séminaire à Chavagnes... Sa vie a été le modèle des prêtres : sa mort a été celle des saints." Le Saint-Siège instruit la cause de canonisation du vénérable Père Baudouin. * * * En regard de cette Notice, malheureusement trop courte, écrite par un des enfants de MarieImmaculée, nous plaçons le résumé suivant de la vie du Vénérable tracé par lui-même dans sa profonde humilité. On verra comment les saints méprisent leur personne. Un jour, la mère Saint-Laurent parlait en sa présence de ses talents et de ses vertus. Voici ce que répondit le Bon Père Baudouin :
"Vos phrases, ma chère Rébecca, sont très flatteuses ; vous employez merveilleusement l'hyperbole. Voici le même homme, dépeint par un auteur qui a toujours vécu avec lui, son ami intime, qui ne voudrait pas mentir : "L.-M. Baudouin, né à Montaigu le 2 août 1765, eut pour père un pauvre jardinier. Le jeune Baudouin ne se distingua pas dans ses études, mais à force de temps et.de travail, il réussit à être prêtre. Je ne sais quelle fut sa piété jusqu'à l'âge de dix-sept ans ; s'il ne fut pas très mauvais, il ne fut pas fort bon ; on remarquait en lui beaucoup d'orgueil. Etant prêtre, il fut vicaire de son frère à Luçon. Il ne se distingua nullement dans ce poste. Il fut mis en prison avec d'autres ecclésiastiques, ensuite envoyé en exil. Il ne put apprendre la langue espagnole, qui pourtant est facile. Il ne fit rien de remarquable dans ce royaume, où je l'ai toujours accompagné. Il revint en France avant la fin de la persécution. Il était timide, pour ne pas dire lâche. Il se cacha chez de bonnes filles. Les âmes dévotes qui manquaient de prêtres furent ravies de la trouvaille. La paix venant, notre homme fut bien aise de revoir le soleil. Des personnes de piété voulurent le suivre ; elles firent une société : le bon Père y consentit et l'évêque s'en mêla. Tout nouveau est beau. La Société se multiplia. Le bon Père aimait la jeunesse, des jeunes gens le suivirent aussi; l'évêque passant par là trouva la chose passable, et embarrassé pour former un séminaire, il le fit en ce lieu-là. La décence exigeait qu'il y mît pour supérieur le Curé de la paroisse, L.-M. Baudouin, assez ignorant, du consentement de ceux qui le connaissaient. Il est savant parmi les femmes : un borgne est un coq parmi les aveugles. Il ne faut pas lui refuser une bonne qualité : il laisse faire le bien à ceux qui sont avec lui, et on le lui attribue ensuite ; c'est ce qui l'a distingué parmi certaines gens. Voilà, ma chère Rébecca, la vérité toute nue."1 Le Clergé vendéen victime de la Révolution, A. Baraud, 1905, tome II, p. 42 à 49.
1
Vie du Ven. P. Baudouin, p. MICHAUD.
FONDATEUR DES ENFANTS DE MARIE-IMMACULEE ET DES URSULINES DE JESUS DE CHAVAGNES
1765-1835 Louis-Marie BAUDOUIN, le huitième et dernier enfant d'une famille pauvre mais vertueuse, naquit et fut baptisé à Montaigu, le 2 août 1765. Il était encore au berceau quand la mort lui ravit son père. Sa mère, femme d'un jugement et d'une piété remarquables, sut préparer dans cet enfant, par une très chrétienne éducation, celui dont "la vie fut le modèle des prêtres, et la mort celle des Saints." Elle réprima de bonne heure la vivacité naturelle de Louis-Marie, lui inspira une tendre dévotion pour la Très Sainte-Vierge, et forma en lui cette volonté énergique qui s'élèvera plus tard à l'héroïsme des vertus. Offrant des marques sérieuses de vocation ecclésiastique, Louis-Marie commença ses études de latin au collège de Montaigu ; il les poursuivit auprès de son frère, Pierre-Martin, vicaire alors à Chantonnay, puis curé d'Angles ; et il entra au séminaire de Luçon, pour y faire deux ans de philosophie et cinq ans de théologie. Le jeune séminariste eut bien vite conquis l'estime des maîtres et des élèves. Les uns et les autres ont rendu de lui de beaux témoignages. "Si d'autres l'égalent pour le talent, nul ne le surpasse pour la rectitude du jugement", affirmait M. Brumaud de Beauregarcl alors vicaire général. Un laïque distingué, avocat à Fontenay le-Comte, M. Charles Bréchard, condisciple du jeune Baudouin, disait de lui : "Le pieux élève avait su prendre sur moi et sur ses aucondisciples, un ascendant dont nous ne pouvions nous défendre bien qu’il fut plus jeune que nous. Si nous n’avions pas le courage d’imiter sa vertu, il nous était impossible de ne pas l'admirer." — "Il a toujours été un saint," écrivait M. Pitaud, mort archiprêtre de Fontcnay. Cependant la vertu du séminariste était le fruit de ses sacrifices. Car si le P. Baudouin a retracé dans sa vie la douceur et l'amabilité de S. François de Sales, il faut avouer qu'il eut besoin, lui aussi, de dompter la fougue d'une nature emportée. "Son tempérament était bilieux et sanguin, a déclaré son ami M. Fleurisson ; au séminaire j'étais témoin des efforts continuels qu'il faisait pour soumettre ses passions et pour vaincre son caractère irascible." M. Baudouin fut ordonné prêtre à Saint-Malo, le 19 septembre 1789. La Providence lui ménagea la consolation de célébrer sa première messe dans l'église même où il avait été baptisé à Montaigu, vingtquatre ans auparavant. Bientôt après, nous retrouvons le nouveau prêtre à Luçon, appelé près de son frère, M. Pierre-Martin, pour remplir les fonctions de vicaire et celles d'aumônier de l'hôpital. C'est là qu'il rencontra, pour la première fois, M. l'abbé Lebédesque, un ecclésiastique de grand mérite, qui deviendra son meilleur ami et son premier frère en religion. Et c'est là aussi qu'il déployait l'activité de son zèle, quand parut le décret qui obligeait les prêtres au serment de fidélité à la constitution civile du Clergé (27 nov. 1790). L'abbé Baudouin, comme son frère, n'hésite pas un instant: il refuse de prêter serment et il accompagne son refus de la protestation la plus énergique. Peu de temps après, l'ambitieux Rodrigue, curé de Fougère, nommé évêque constitutionnel de la Vendée, entrait à Luçon, "le fusil sur l'épaule, au son du tambour, entouré d'une double haie de gardes nationaux sous les armes." L'abbé L.-M. Baudouin lui fit parvenir un billet où il avait écrit ces trois mots adressés par Jésus au traître Judas : "Ad quid venisti ?" (Pourquoi êtes-vous venu ?) L'évêque en prit lecture et il continua sa marche vers la cathédrale. M. Baudouin lui envoya un second billet sur lequel Rodrigue lut ces autres paroles de Notre Seigneur. "Judas, osculo Filium Hominis tradis" (Judas, vous trahissez le Fils de l'homme par un baiser). L'apostat n'en consomma pas moins son intrusion sacrilège. Fuyant toute communication avec l'évêque intrus, le courageux vicaire reste à son poste et y exerce en secret les fonctions du saint ministère. Mais, un jour, il se trouve au lit d'un malade en même temps que Rodrigue. A la vue de l'apostat, le zèle du vrai pasteur ne peut se contenir. "Vous n'avez aucun pouvoir, s'écrie-t-il avec une grande fermeté; vous ne pouvez pas sans sacrilège, administrer les sacrements, et il ne sera pas dit que vous les aurez profanés en ma présence." Atterré, la rougeur au front, la rage au cœur, l'intrus s'éloigna. Mais quelques heures après, l'abbé Baudouin était arrêté, emmené à Fontenay-le-Comte et jeté en prison. Il y fut retenu sept mois.
Par un décret du 26 août 1792, l'Assemblée législative condamna à la déportation tous les prêtres non assermentés. L'abbé Louis-Marie Baudouin voulait rester en France pour être utile aux âmes, même au péril de sa vie; il dut céder aux instances du curé de Luçon qui lui répétait : "Mon frère, défions-nous de notre faiblesse. Suivons le conseil du divin Maître : on nous persécute dans une ville, fuyons dans une autre." Ils s'embarquèrent aux Sables-d'Olonne et firent voile pour l'Espagne, où ils comptaient séjourner quelques mois. Leur exil y dura cinq ans. * * * M. L.-M. Baudouin alla se fixer à Tolède, avec son frère, avec M. Lebédesque et plusieurs autres ecclésiastiques français. L'archevêque de cette ville, le cardinal Lorenzena, leur ouvrit sa riche bibliothèque. Avantage précieux : nul n'en profita mieux que notre jeune proscrit pour unir à la prière l'étude de la Théologie, de l'Ecriture Sainte surtout et des Pères. Avec l'ascendant qu'exercé la vertu, il forma autour de lui un groupe d'amis d'élite dont il encouragea les travaux et stimula la piété. Un jour il leur manifesta son intention d'établir, sous le nom de Société de Marie, une association de prêtres religieux qui auraient pour but l'enseignement et les missions. Cette idée fut accueillie avec joie ; et l'on entreprit dés lors de la réaliser. Mais ce ne fut qu'un essai. Ce projet, né de la grâce et du désir de réparer le mal fait par l'impiété révolutionnaire, fut le germe de la congrégation des Pères de Chavagnes, qui, après avoir continué en Vendée l'œuvre du Vénérable Louis-Marie Baudouin, viennent de s'exiler à leur tour jusqu'aux temps meilleurs où ils reviendront en leur pays relever d'autres ruines et prolonger encore les bienfaits de leur saint Fondateur. Outre les peines inséparables de l'exil, l'abbé Baudouin y avait eu la douleur de voir son frère y mourir entre ses bras. On était au mois d'août 1797 ; l'anarchie régnait encore en France. Il résolut d'y rentrer sans plus de retard. Le 25 août il arrivait aux Sables, avec son intime ami M. Lebédesque. Il y vivra trois ans, caché chez les demoiselles Guinemand et exposé sans cesse à mille dangers, au milieu de scènes renouvelées des Catacombes ; à la faveur des nuits il confesse et dit la messe ; il assemble les fidèles et prépare des premières communions ; quelquefois il est surpris par les révolutionnaires, il n'a que le temps de saisir le tabernacle entre ses bras et de s'enfermer dans sa cachette pratiqué dans une armoire. Durant ces trois années qu'il passa en ce réduit obscur, entre la Bible et le Tabernacle, près de Jésus prisonnier avec lui, le saint prêtre reçut des grâces extraordinaires. M. Fleurisson, qui fut son confesseur pendant plus de vingt ans, l'a déclaré en ces termes : "Le cher Père m'a fait l'aveu des visions qu'il avait eues dans sa cache, tandis qu'il priait devant le Saint Sacrement. C'est dans ce divin tête-à-tête avec le sauveur des âmes qu'il a été inspiré de former ces grandes entreprises qui ont amené comme une renaissance de la religion dans nos contrées." C'est là qu'il écrivit les régies de la Société des Enfants de Marie, dont les deux premiers membres, lui et M. Lebédesque, firent les trois vœux aux Sables le 31 janvier 1800. C'est là qu'il étudia et mûrit son projet d'établir l'admirable Institut des Ursulines de Jésus, avec l'aide de Mme Saint Benoît que la Révolution avait chassée de son couvent de la Rochelle et qui vivait aux Sables retirée chez une de ses sœurs, Mme de Lange de la Bouchardière. C'est là qu'il écrivit, signa et fit signer aux fidèles sa profession de foi "à la gloire de l'ImmaculéeConception de la B. Vierge Marie", dont il a propagé la dévotion dans les deux grands diocèses de Luçon et de la Rochelle. Cependant Napoléon a rendu la liberté à l'Eglise de France (1800). Aussitôt le P. Baudouin se montre en public. Puis il se porte dans un milieu complètement privé de prêtres. C'est à la Jonchère qu'il établit le centre de son ministère apostolique. De là son zèle embrasse jusqu'à dix-sept paroisses. S'il y a tout à faire : baptêmes, mariages, premières communions, confessions, visites des malades, l'ardent ouvrier ne recule devant rien : il va quelquefois avec un courage héroïque, échappant comme par miracle à la haine de quelques révolutionnaires irrités du retour de la paix religieuse. Nommé curé de Chavagnes, le 31 juillet 1801, M. Baudouin commence par mettre en œuvre tout ce qui peut renouveler sa paroisse : mission, plantation de croix, retraites, visites des paroissiens, sermons d'un genre simple, mais nourris de la Sainte-Ecriture et pleins d'une onction irrésistible. Bientôt il fonde et des écoles, et sa congrégation de sœurs et un petit Séminaire. Aussi l'évêque, M gr Demandolx, fut-il au comble de la joie, lorsque, trois ans plus tard, visitant la paroisse de Chavagnes (1804), il vit venir à sa rencontre le digne curé avec ses enfants des écoles, avec ses Sœurs, avec ses séminaristes...
Il fit une ordination, nomma M. Baudouin supérieur du séminaire, supérieur de la Communauté religieuse, et l'autorisa à recevoir canoniquement les vœux de Religion. Six mois après, le nouvel évêque de la Rochelle, Mgr Paillou confirma ces nominations et l'institution canonique des sœurs; et dès 1805 vingt-cinq jeunes gens recevaient de ses .mains dans l'église de Chavagnes la tonsure et les Ordres Mineurs. A la même époque, Portalis, ministre des Cultes, dans un rapport présenté à Napoléon, disait du P. Baudoin : "Ce prêtre vertueux a établi en sa paroisse de Chavagnes, au diocèse de Luçon, le premier séminaire qui ait existé en France après la Révolution." En 1812, par suite d'ordres émanés du Gouvernement, les élèves de Chavagnes furent transférés, les uns à la Rochelle pour y former le Grand Séminaire, et les autres à Saint-Jean-d'Angély. Alors M. Baudouin dut céder aux désirs de Mgr Paillou, et quitter Chavagnes, pour aller à la Rochelle remplir les fonctions de Supérieur du Grand-Séminaire, Il les remplit jusqu'en 1821, avec ces rares qualités qui firent de lui un maître dans l'art de conduire la jeunesse, de discerner les vocations, de former les caractères, d'inculquer aux âmes la pureté de la foi non moins que les suavités d'une dévotion heureusement opposée aux rigueurs du jansénisme. C'est par là que le P. Baudouin a laissé son empreinte et son vivant souvenir dans le clergé du diocèse de la Rochelle. Eh ! comment n'y retrouverait-on pas encore les traces de l'étonnante activité de cet homme de Dieu, qui fut à la fois supérieur du Grand-Séminaire, vicaire général, supérieur de trois congrégations religieuses, protecteur du Petit-Séminaire de Saint-Jean-d'Angèly, fondateur et Directeur des Missionnaires de la Saintonge, en attendant de fonder, sur l'ordre de Mgr Paillou, un collège ecclésiastique à Luçon et de relever une école cléricale sur les ruines du Séminaire de Chavagnes ? Et nous passons sous silence ses nombreuses lettres spirituelles, dignes de figurer à côté de celles de Saint-François de Sales ! * * * En 1821, lorsque le diocèse de Luçon fut séparé de celui de la Rochelle, M. Baudouin fut nommé vicaire général de Mgr Soyer et supérieur du Grand-Séminaire. A Luçon, il se dévoue à former les jeunes clercs à la science et aux vertus sacerdotales avec une affection, une sagesse et une prudence consommées. Puis, ses forces trahissent son courage : en 1825, il se retire chez son neveu, curé de Luçon. Enfin il va se fixer définitivement à Chavagnes en 1828. La Providence voulait que les derniers soins du bon Père fussent entièrement consacrés à ses deux familles religieuses de Chavagnes. Avec l'approbation formelle de Mgr Soyer, il rétablit au Séminaire sa Congrégation des prêtres Enfants de Marie, et les dirigea durant cinq années dans les voies de la perfection, avant de les confier au P. Baizé, son fils de prédilection. Quant à l'Institut des Sœurs, il le laissera en mourant dans un état de prospérité, avec plus de trente établissements et près de quatre cents religieuses. Après de longues et cruelles souffrances endurées avec une patience admirable, le P. Baudouin s'éteignit doucement à Chavagnes le jeudi 12 février 1838, à l'âge de soixante-dix ans. L'évêque de Luçon lui rendit ce juste tribut d'hommages : "C'est à son zèle ardent et éclairé que nous sommes redevables de nombreux et vertueux prêtres qui font la consolation de notre épiscopat, puisque c'est lui qui, sans autres ressources que celles que donne une foi vive dans la divine Providence, osa le premier, dans des jours orageux, concevoir et exécuter la grande et magnifique pensée d'un séminaire à Chavagnes... Sa vie a été le modèle des prêtres : sa mort a été celle des saints." Le Saint-Siège instruit la cause de canonisation du vénérable Père Baudouin. * * * En regard de cette Notice, malheureusement trop courte, écrite par un des enfants de MarieImmaculée, nous plaçons le résumé suivant de la vie du Vénérable tracé par lui-même dans sa profonde humilité. On verra comment les saints méprisent leur personne. Un jour, la mère Saint-Laurent parlait en sa présence de ses talents et de ses vertus. Voici ce que répondit le Bon Père Baudouin :
"Vos phrases, ma chère Rébecca, sont très flatteuses ; vous employez merveilleusement l'hyperbole. Voici le même homme, dépeint par un auteur qui a toujours vécu avec lui, son ami intime, qui ne voudrait pas mentir : "L.-M. Baudouin, né à Montaigu le 2 août 1765, eut pour père un pauvre jardinier. Le jeune Baudouin ne se distingua pas dans ses études, mais à force de temps et.de travail, il réussit à être prêtre. Je ne sais quelle fut sa piété jusqu'à l'âge de dix-sept ans ; s'il ne fut pas très mauvais, il ne fut pas fort bon ; on remarquait en lui beaucoup d'orgueil. Etant prêtre, il fut vicaire de son frère à Luçon. Il ne se distingua nullement dans ce poste. Il fut mis en prison avec d'autres ecclésiastiques, ensuite envoyé en exil. Il ne put apprendre la langue espagnole, qui pourtant est facile. Il ne fit rien de remarquable dans ce royaume, où je l'ai toujours accompagné. Il revint en France avant la fin de la persécution. Il était timide, pour ne pas dire lâche. Il se cacha chez de bonnes filles. Les âmes dévotes qui manquaient de prêtres furent ravies de la trouvaille. La paix venant, notre homme fut bien aise de revoir le soleil. Des personnes de piété voulurent le suivre ; elles firent une société : le bon Père y consentit et l'évêque s'en mêla. Tout nouveau est beau. La Société se multiplia. Le bon Père aimait la jeunesse, des jeunes gens le suivirent aussi; l'évêque passant par là trouva la chose passable, et embarrassé pour former un séminaire, il le fit en ce lieu-là. La décence exigeait qu'il y mît pour supérieur le Curé de la paroisse, L.-M. Baudouin, assez ignorant, du consentement de ceux qui le connaissaient. Il est savant parmi les femmes : un borgne est un coq parmi les aveugles. Il ne faut pas lui refuser une bonne qualité : il laisse faire le bien à ceux qui sont avec lui, et on le lui attribue ensuite ; c'est ce qui l'a distingué parmi certaines gens. Voilà, ma chère Rébecca, la vérité toute nue."1 Le Clergé vendéen victime de la Révolution, A. Baraud, 1905, tome II, p. 42 à 49.
1
Vie du Ven. P. Baudouin, p. MICHAUD.